Les assureurs du Québec ont sondé les entrepreneurs pour voir comment mieux répondre à leurs besoins. Ils en sont venus à leur proposer une offre qui s’adapte à leurs besoins réels et non à ceux qui pourraient survenir.

Jusqu’à tout récemment, Aviva Canada offrait un large éventail de produits en assurance des entreprises. En mars, l’assureur a fait table rase de ses produits existants pour les remplacer par une offre unique : Solutions Affaires.

« Il nous était difficile de mettre à jour et améliorer ces produits de façon régulière. Nous en avions trop », a dit Claude Leboeuf, vice-président, souscription, Est du Canada, d’Aviva, en entrevue au Journal de l’assurance.

Avec Solution Affaires, Aviva dit miser sur la simplicité, l’efficacité et l’adaptation aux changements auxquels l’industrie fait face. « Le produit est de conception modulaire. Il permet de personnaliser le contrat d’assurance selon le type d’entreprise et de l’adapter aux besoins spécifiques des entrepreneurs », dit M. Leboeuf.

Intact Assurance a aussi revu son approche. Là aussi on mise sur la simplicité. Latitude Affaires a ainsi été lancé en février. La nouvelle couverture d’Intact offre trois niveaux de protection, avec plus de 50 extensions.

« Nous avons regardé les avantages que l’on offrait dans chaque produit que l’on proposait en assurance des entreprises pour garder le meilleur et tout regrouper dans un seul produit. On souhaitait mettre sur le marché un produit simple, sécurisant et convivial », ont expliqué Arnaud Collinet et Nathalie Morin, respectivement vice-président et directrice principale, en assurance des entreprises

Ne pas défaire ce qui a été fait

À L’Unique assurances générales, on préfère ajouter des garanties à ce qui existe déjà. « Nous ne voulons pas défaire ce que nous avons fait dans le passé », dit son vice-président, assurance des entreprises, Bruno Perrino.

L’Unique dit viser le marché des PME, tout en offrant des solutions adaptées pour des risques de plus grande envergure. La concurrence actuelle dans le marché des entreprises force toutefois les assureurs à ajuster leurs produits régulièrement, dit M. Perrino.

Dans cette veine, L’Unique a mis sur pied une protection juridique l’été dernier. « En sondant les entrepreneurs et les courtiers, nous avons remarqué que c’était une inquiétude. Dans la même optique, nous travaillons sur un produit de cyberisque. Les entreprises s’inquiètent de plus en plus des attaques informatiques qui pourraient mettre en jeu les données personnelles de leurs clients. »

Echelon a aussi introduit un produit en cyberassurance à sa couverture en assurance des entreprises. L’assureur œuvre dans ce créneau depuis deux ans. « Nous sommes entrés dans un marché qui est opportun. On couvre les risques standards. Nous sommes là pour combler le manque. Nous voulons écrire les risques au bon prix et à la bonne prime. Nous ne sommes pas là pour être les moins chers », dit son vice-président, Québec, Ron Pavelack.

Chez Northbridge, le virage entrepris inclut le déploiement de couvertures spécialisées. L’assureur a aussi conçu un produit spécifique pour les petites entreprises.

« Primordial de s’adapter »

« La nature des risques évolue. C’est primordial de s’adapter. En assurance des entreprises, le statuquo n’est pas une option. De plus en plus on va voir apparaitre des produits en cyberisque, pour l’économie de partage, ou encore pour palier aux catastrophes naturelles », explique Jean-François Béliveau, premier vice-président, région du Québec.

Le grossiste April Canada a lancé récemment le produit April Entrepreneurs qui vise principalement les entrepreneurs en construction. « Nous sommes allés voir les clients finaux directement, donc les paysagistes, les soudeurs, les charpentiers et autres. Nous leur avons demandé quelles étaient leurs joies et leurs difficultés. Notre stratégie se définit autour des niches spécialisées. Nous sommes plus sélectifs. On fait moins d’horizontal. On vise davantage le vertical », dit son chef des finances Sébastien Gabez.

Le virage de la personnalisation bien entamé

Il y a aussi un point sur lequel les assureurs interrogés par le Journal de l’assurance s’entendent : la personnalisation de la couverture prend de plus en plus de place en assurance des entreprises.

« Cette personnalisation est essentielle, dit Ron Pavelack, d’Echelon. Les risques des entreprises sont beaucoup plus complexes que les risques en assurance des particuliers. »

Bruno Perrino, de L’Unique ajoute que la personnalisation de la couverture est liée directement à la grosseur de l’entreprise. « La personnalisation se fait avec le courtier. Plus l’entreprise est petite, plus le courtier peut englober les conditions. Nous offrons des produits personnalisables avec des extensions pour les besoins plus spécifiques. »

Jean-François Béliveau, de Northbridge, dit voir cette personnalisation positivement. « Il est primordial de le faire pour assurer la fidélité des clients. »

Il ajoute que pour sa compagnie, l’investissement en technologie est prioritaire. « On dit que d’ici 2025, les cinq premiers assureurs au Canada pourraient contrôler 65 % du marché. Juste en 2015, ces cinq assureurs contrôlaient 50 % de l’assurance entreprise. En assurance des entreprises, la taille est un enjeu important. Plus tu as de l’argent, plus tu peux l’investir en technologie », dit M. Béliveau.

Chez Intact Assurance, on dit penser de la même façon. C’est pourquoi l’assureur investit près de 100 millions de dollars par année dans ses systèmes informatiques, a confirmé l’assureur au Journal de l’assurance