« Un cadeau inacceptable aux assureurs directs ! » C’est par ces termes que l’Alliance pour un courtage plus fort décrit le projet de loi 150 du ministère des Finances du Québec, qui obligera les courtiers à offrir quatre soumissions d’assureurs différents à leurs clients.

Le regroupement de courtiers se dit aussi « outré » par les mesures annoncées par le ministre Carlos Leitão. L’Alliance dit aussi qu’elle « n’arrive pas à comprendre comment le gouvernement peut croire à leur bien-fondé ».

« Le courtier infantilisé »

L’Alliance affirme qu’il est louable d’établir un encadrement qui clarifie les modes de distribution pour le consommateur. La façon dont le gouvernement s’y prend infantilise le courtier, déplore-t-elle.

Pour l’Alliance, le professionnalisme du courtier n’est pas pris en compte dans la mouture actuelle du projet de loi 150. L’organisme y voit une preuve du manque de confiance du gouvernement dans la capacité du courtier à bien conseiller son client et à lui recommander le produit qui convient le mieux à ses besoins.

« En quoi le consommateur est-il mieux protégé en imposant un nombre d’offres minimal ? Comment peut-on penser que l’ajout de tracasseries administratives favorisera le développement de nos PME, alors que nous sommes déjà désavantagés face aux directs ? Le gouvernement semble vouloir nous faire disparaitre au profit du modèle d’agence. Le hic, c’est qu’il ne réalise pas qu’il diminuera la variété de l’offre, et conséquemment qu’il va réduire le choix du consommateur », dit Michel Duval, président chez ESSOR Assurances.

« Un coup fatal pour des centaines de PME en région »

L’Alliance prend aussi position quant à la possibilité de vendre de l’assurance par Internet sans l’intervention d’un représentant certifié. Pour L’Alliance, cette mesure favorisera « inévitablement » les assureurs directs. Le regroupement de courtiers souligne aussi que le projet de loi 150 impose quant à lui un nombre minimal d’offres et des restrictions plus contraignantes en matière de propriété.

Cela portera un coup fatal à des centaines de PME en région, dit l’Alliance. Les mémoires déposés à cet effet au ministère des Finances ne semblent pas avoir été étudiés, laisse-t-elle entendre.

« Il faudrait m’expliquer comment le ministre envisage qu’on maintienne des emplois en région et qu’on obtienne le soutien nécessaire pour faire croitre nos PME avec son projet de loi. L’adoption de la réforme Leitão telle que proposée ne représente rien de moins qu’une forme d’expropriation des propriétaires de cabinet de courtage pour favoriser les directs », dit David Morin, président chez Courtika Assurances.

Des députés disent ne pas comprendre

L’Alliance dit aussi avoir recueilli le témoignage de plusieurs courtiers au cours des derniers jours. Ceux-ci se disent déçus des mesures annoncées par le gouvernement libéral.

L’Alliance dit aussi avoir rencontré plusieurs députés provinciaux sur le terrain. Selon le regroupement de courtiers, ils ont signalé leur incompréhension quant aux intentions du gouvernement de favoriser les assureurs directs.

L’Alliance lance d’ailleurs un appel à la mobilisation. Elle dit considérer que des changements sont encore possibles. Elle compte accélérer ses représentations auprès du gouvernement.

Autre prise de position

Le 5 octobre dernier, l’Alliance avait aussi pris position contre l’offensive d’assureurs directs en assurance des entreprises. Elle donnait en exemple le cas du Mouvement Desjardins qui a investi massivement dans une plateforme technologique pour notamment attaquer ce marché. Elle y faisait aussi un parallèle avec la chute des parts de marché du courtage au cours de la dernière année.

« Fort est à parier que le fossé continuera de grandir. Encore une fois, les ressources majeures des assureurs directs entreront en compétition avec nos PME. Il est plus que jamais nécessaire de pouvoir mener une lutte d’égal à égal avec les assureurs directs. Afin que les titres en vigueur dans le domaine soient conformes à la réalité qui s’observe sur le terrain, nous sommes pleinement conscients qu’une divulgation claire aux clients s’impose », peut-on lire sur son site Web.