L’Association des courtiers d’assurance du Canada (ACAC) se réjouit que le gouvernement fédéral ait reconduit jusqu’en 2023 les dispositions qui empêchent les banques de vendre de l’assurance dans leurs succursales ou via leurs sites Web.
L’association ne baisse pas la garde pour autant, a assuré son nouveau président Chris Floyd, en entrevue au Journal de l’assurance. Elle surveillera de près comment les fintechs se déploieront. L’ACAC compte s’assurer qu’elles respectent l’esprit des lois en vigueur.
« Cette séparation est importante pour le consommateur, pour ne pas qu’on tente de lui vendre de l’assurance au même point de vente où il souscrit du crédit. Le monde change, mais ce principe doit demeurer avec l’émergence des blockchains et des fintechs. On garde un œil sur tout ce qui touche la notion d’open banking et qui pourrait affecter cette séparation entre assurance et crédit », dit M. Floyd.
Faire entendre la voix du consommateur
Comment l’ACAC réagira-t-elle si les Google et Amazon de ce monde tentent une percée similaire à celle des fintechs dans le marché de l’assurance de dommages ? Tout dépendra de la façon dont elles tentent d’y entrer, dit M. Floyd.
« On s’attend à ce que les régulateurs suivent cela de près. On ne s’opposera pas aux fintechs ou à l’arrivée des géants technologiques dans le marché de l’assurance. On veut toutefois s’assurer que la voix du consommateur soit entendue dans cette conversation. »
Une stratégie en quatre piliers
Depuis son arrivée en poste, M. Floyd travaille à promouvoir les quatre piliers que le conseil d’administration de l’Association juge primordiaux, soit l’éducation des courtiers, la technologie, l’identité du courtage et la défense des intérêts des courtiers auprès des gouvernements. Un premier jalon a été atteint en ce sens avec l’adoption de la nouvelle identité du bipper, le symbole des courtiers.
« On recentre notre stratégie pour rappeler aux consommateurs que lorsqu’ils contractent de l’assurance, ils peuvent avoir accès à des gens qui peuvent leur offrir plus qu’un choix. On invite les consommateurs à prendre une pause lorsqu’ils font leur magasinage d’assurance et à faire appel à un professionnel qui peut leur expliquer les choix qui s’offrent à eux. Ça ne change pas la stratégie que nous avons adoptée auprès des députés. On souhaite aller un cran plus loin en amenant les consommateurs à bien comprendre qui sont les courtiers et ce qu’ils font », explique M. Floyd.
La technologie et le climat parmi les préoccupations
L’entrevue réalisée par le Journal de l’assurance avec M. Floyd a eu lieu le 19 octobre, alors que venait de prendre fin le congrès de l’Association des courtiers d’assurance de l’Ontario (IBAO). M. Floyd souligne que les courtiers présents avaient trois grandes préoccupations en tête : l’état du marché automobile de la province, le climat et la technologie.
« Les courtiers n’ont pas vu le marché se durcir de cette façon depuis 2002. Pour plusieurs, c’est quelque chose de complètement nouveau », dit-il.
Les particularités du Québec
M. Floyd dit aussi parler régulièrement à des courtiers du Québec. Leurs préoccupations sont les mêmes que leurs collègues ailleurs au pays, dit-il.
« La dynamique du marché est toutefois différente au Québec, avec la forte présence d’assureurs directs en assurance des particuliers et de joueurs comme le Mouvement Desjardins ou La Capitale. C’est difficile pour eux, mais les courtiers y ont encore une très belle place. Les courtiers demeurent le premier choix des clients du Québec en termes de parts de marché. Il ne fait pas négliger cette donnée. Il faut aussi rappeler que Wawanesa a décidé d’y délaisser la distribution directe pour se consacrer au courtage », dit-il.
Les courtiers du Québec pourront d’ailleurs s’entretenir avec M. Floyd la semaine prochaine, alors qu’il sera présent au congrès du Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec (RCCAQ).