Président d’Humania Assurance, jusqu’au 21 mai 2021, Stéphane Rochon a beau se diriger vers un autre secteur, il n’a pas l’impression de quitter l’assurance. Il réfléchit ainsi toujours à ce que l’industrie doit faire pour améliorer la commercialisation de ses produits à l’ère numérique.

M. Rochon a salué l’usage accéléré par les conseillers des outils numériques depuis le début de la pandémie de COVID-19 et l’amélioration de l’expérience client dans les dernières années. Il pense cependant que l’industrie doit commercialiser ses produits autrement.

Changer la chaine de valeur

 « L’industrie a parcouru un grand chemin en numérisation; beaucoup de plateformes modernes ont été lancées durant la COVID-19, mais c’est le début. La numérisation, ça va beaucoup plus loin. J’espère que l’ensemble de la chaine de valeur réalisera que le client veut maintenant s’informer, magasiner et ultimement souscrire de façon différente. »

Il prend en exemple les médias et les boites de production pour lesquels l’avènement des Netflix de ce monde a totalement changé les façons de faire. « Il faut tous être digitally savvy (maitriser le numérique), et investir dans la numérisation à tous les niveaux : les assureurs, les distributeurs, les cabinets et aussi les représentants. »

Le modèle d’affaires change aussi en assurance, rappelle le PDG d’Humania. « L’assurance continuera de se vendre, mais ma fille ne consomme pas comme moi. » Appelé à commenter un partenariat conclu en 2020 avec la plateforme de distribution numérique Emma, M. Rochon a signalé qu’il s’agissait d’un exemple parfait d’un modèle axé sur le client, et dans lequel « la chaine a été pensée en fonction de la personne ».

Approche itérative

En ce qui touche le processus de transition en cours, Stéphane Rochon se dit satisfait de laisser la mutuelle d’assurance de Saint-Hyacinthe avec d’importants accomplissements qui la positionnent pour les années à venir. « Je n’ai pas l’impression que je quitte l’assurance. J’ai fait un bout de chemin et j’en suis très rempli. Je vais affronter d’autres défis », a ajouté Stéphane Rochon.

Après 26 ans passés dans l’industrie, il est heureux d’avoir eu la chance de faire connaitre les produits d’assurance de prestations du vivant, au début de sa carrière en 1995 avec Canada Vie (alors Great-West), et par la suite avec Groupe Cloutier.

Parmi ses mandats à la présidence d’Humania Assurance, Stéphane Rochon retient entre autres celui de numériser tous les produits de l’assureur. L’idée était de lui; le conseil d’administration l’a acceptée. L’assureur a réalisé ce mandat en un peu plus de quatre mois plutôt que les quatre années prévues au départ. Il n’en réclame pas la paternité unique, mais insiste pour dire que c’est le travail d’une équipe de leaders qui ont su développer une vision uniforme.

La rapidité de ces développements tient pour beaucoup à une approche que M. Rochon qualifie d’itérative : l’assureur démarre un projet à petite échelle sous forme d’une plateforme numérique, qui peut par la suite accueillir plusieurs produits.

Sortir de la spécialité

Stéphane Rochon prend en exemple le produit Prosanté - Assurance salaire accident, lancé le 3 mars 2021. Dans son mot du président du rapport annuel 2020, il a qualifié ce lancement d’événement marquant des 12 derniers mois.

En entrevue, M. Rochon a dit que le produit connaissait un début « très fort », parce qu’il répond selon lui à un besoin de protection extrêmement important : la capacité de gagner un revenu. « Nous avons créé une plateforme qui permet l’automatisation, qui facilite la vie des assurés au moment de la réclamation et refamiliarise les conseillers avec l’assurance invalidité, une gamme d’affaires dont on entend moins parler que l’assurance vie ou l’assurance maladies graves », dit Stéphane Rochon.

Selon lui, il faut sortir ce produit de son créneau de spécialité. « Il n’y a pas que des médecins dans la vie, il y a des camionneurs, des électriciens, des garderies à domicile, des professeurs de ski et plusieurs autres professions dont les besoins sont mal comblés. »

Au-delà des produits, il se dit fier d’avoir contribué à une culture d’entreprise axée sur une approche moderne des ressources humaines.

PAR ALAIN THÉRIAULT ET SERGE THERRIEN