Après Canada Vie ou encore Sun Life, c’est au tour du gouvernement du Québec de voir en la télémédecine une avenue incontournable. Du fait de la menace que représente la COVID-19, la distanciation sociale est devenue la règle d’or dans la province depuis la mi-mars. Pour assurer la continuité des soins tout en assurant la sécurité de tous, le gouvernement s’est en effet tourné vers la médecine à distance.

Ainsi, lors de la conférence de presse gouvernementale du lundi 23 mars, après que François Legault, le Premier ministre du Québec, a annoncé la décision de fermer toutes les entreprises non essentielles, Danielle McCann, ministre de la Santé québécoise, a pris la parole pour dire que le réseau de la santé et des services sociaux était en cours de réorganisation. Un réaménagement pensé pour favoriser la protection tant du corps médical que des patients.

« On est en train de faire en sorte que tous les services soient donnés par téléconsultation, pour que les gens ne se déplacent pas. On a tout un plan pour rejoindre les gens », a-t-elle dit.

Déploiement de la téléconsultation

Le 21 mars déjà, Mme McCann affirmait lors de la conférence de presse du jour que « de la téléconsultation, il [allait] y en avoir partout, en milieu hospitalier, dans les cliniques médicales, en CHSLD ». Elle insistait alors sur l’importance de suivre les Québécois, d’un point de vue physique, mais aussi psychologique et social.

« On invite les intervenants à appeler les gens qu’ils suivent habituellement. Si les gens n’ont pas d’intervenant, ils peuvent appeler leur CLSC. On est entrain de faire un plan encore plus ciblé pour tout ce qui concerne le volet psychosocial au Québec. On s’occupe de notre monde. Il y a plus d’anxiété en ce moment et on veut y répondre », disait la ministre.

Interrogé au sujet du déploiement de la télémédecine, Robert Maranda, chargé de la communication pour le Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), a indiqué au Portail de l’assurance que les médecins spécialistes et les omnipraticiens s’étaient vu envoyer au plus tard le 20 mars « un lien pour activer la téléconsultation » en ligne. Cette option ayant pour but de compléter la téléconsultation par téléphone, déjà en place depuis le début de la crise sanitaire.

Zoom, Reacts et AKinox, « les plateformes déjà connues et utilisées dans le réseau, ont été privilégiées » par le MSSS, indique M. Maranda.

« Un service assuré »

Quid du remboursement de ces consultations à distance ? Dans un décret administratif daté du 13 mars, le gouvernement du Québec a indiqué que « les services liés à la COVID-19 fournis par correspondance ou par voie de télécommunication par des professionnels de la santé sont considérés comme des services assurés ».

De fait, la porte-parole de la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ), Caroline Dupont, confirme au Portail de l’assurance que « les téléconsultations réalisées par les médecins omnipraticiens dans le cadre de la pandémie de COVID-19 sont remboursées depuis lundi 16 mars ». Mme Dupont précise par ailleurs que « les médecins omnipraticiens qui font des téléconsultations sont rémunérés au même tarif qu’une visite en cabinet ».

Quant aux types de téléconsultations couverts, M. Maranda du MSSS nous indique que même les consultations n'ayant pas un lien direct avec la COVID-19, mais étant réalisées durant cette période, sont assurées et donc remboursées par la RAMQ dans le cadre du décret.

Il n’est pas dit, pour l’heure, que le remboursement des téléconsultations par la RAMQ se poursuivra lorsque la pandémie de la COVID-19 sera passée. « Ce n’est pas la RAMQ qui décidera si les téléconsultations se poursuivront, c’est le MSSS. Nous ne faisons qu’appliquer » les décisions du ministère, dit Mme Dupont.

L’AMC salue une décision attendue

Dans la foulée du décret, le 14 mars, l’Association médicale canadienne (AMC) avait salué la décision du gouvernement d’élargir la télémédecine au Québec.

« Le remboursement par le gouvernement des consultations en télémédecine constitue un excellent moyen de rendre les soins accessibles à l'ensemble de la population du Québec alors que les citoyennes et citoyens sont appelés à limiter leurs déplacements. L'AMC espère que l'accès à la télémédecine prendra de l'ampleur à l'avenir et non seulement en période de crise, car plus des deux tiers des suivis médicaux peuvent être effectués en mode virtuel », avait déclaré l’association.

Deux jours auparavant, le 12 mars, l’AMC « exhort[ait] les premiers ministres à trouver des façons d’élargir l’accès aux soins virtuels le plus rapidement possible », tant au niveau provincial, territorial que fédéral, dans le but de « réduire l’exposition potentielle au virus et répondre à la demande croissante de tels soins ».

Si la revendication a été renouvelée depuis l’éclosion de la COVID-19, elle avait déjà été formulée auparavant. Dans un rapport publié en février dernier et présentant des recommandations pour la création d’un cadre pancanadien, plusieurs associations médicales canadiennes dont l’AMC reconnaissaient ainsi que « le principal défi » pour la télémédecine n’était « pas la technologie, mais plutôt la gouvernance, la politique et l’organisation du travail », dit l’association.

Assureurs et fournisseurs s’activent aussi

Tout comme le gouvernement, les compagnies d’assurance, actives en matière de santé connectée, ont elles aussi réagi à la COVID-19 en mettant l’emphase sur les soins de santé à distance.

SSQ Assurance, déjà engagée sur la voie de la télémédecine, a annoncé le 23 mars offrir gratuitement l'accès à un service d'aide psychologique par téléphone à l'ensemble de sa clientèle canadienne. Dispensé par les professionnels d'Optima Santé Globale de façon temporaire, ce programme est offert aux assurés « peu importe le type de produit détenu, que ce soit de l'assurance collective, de l'assurance individuelle, de l'assurance auto, de l'assurance habitation ou encore des investissements, tous les clients de SSQ Assurance peuvent bénéficier de ce service d’aide », dit la compagnie d’assurance.

Les firmes privées spécialisées en mieux-être mettent elles-aussi des programmes en place dans le cadre de la COVID-19. Morneau Shepell a notamment lancé un nouveau programme de thérapie cognitivo-comportementale sur Internet (TCCi) permettant de traiter les symptômes d'anxiété liés aux pandémies, soit l’incertitude, l’isolement social, la surinformation et ou encore la gestion du stress.

« Le nouveau programme AbilitiTCCi ™ est accessible aux particuliers moyennant des frais. Les frais peuvent être remboursables par plusieurs assureurs par le biais des soins paramédicaux du programme d’assurance collective. Ceci dit, plusieurs employeurs assument les coûts en offrant ce programme à leurs employés. Nous invitons les gens à demander à leur employeur si ce service leur est offert », a dit au Portail de l’assurance Josée St-Pierre, porte-parole de Morneau Shepell.

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