La propagation des maladies infectieuses et les cyberattaques préoccupent davantage les chefs d’entreprise canadiens et américains quant à leurs affaires, d’après une enquête publiée, le jeudi 8 octobre par le Forum économique mondial (FMI).

Plus de 12 000 chefs d’entreprise du monde ont été sondés par le FMI, en partenariat avec Zurich Insurance Group et Marsh & McLennan Companies. Les participants ont dû sélectionner, parmi une liste de 30 risques, les 5 qui, selon eux, sont les plus préoccupants pour les affaires dans leur pays, et ce, pour la décennie à venir.

La COVID-19 laisse des traces

Dans les dernières années, les maladies infectieuses n’apparaissaient pas dans les classements des risques les plus préoccupants pour les affaires. Pourtant la pandémie de COVID-19 a démontré à quel point un tel risque peut être dommageable pour une entreprise, peu importe sa taille. En 2020, les maladies infectieuses se classent au deuxième rang du classement canadien et états-unien. Tout de suite après les cyberattaques, qui conservent leur titre de risque le plus préoccupant pour les chefs d’entreprise.

D’ailleurs, ces deux risques seraient intimement liés selon les chercheurs, car de nombreuses études ont démontré que les cyberattaques augmentent en temps de crise et se sont particulièrement accrues depuis le deuxième trimestre.

L’assureur spécialisé Beazley a rapporté, à la mi-septembre que les entreprises ont été davantage exposées aux attaques et brèches pendant la pandémie. Surtout celles qui sont demeurées en activité et où de nombreux employés ont travaillé à distance. Le télétravail a rendu les organisations plus vulnérables aux cyberattaques, selon Beazley, notamment en raison des réseaux moins sécurisés. Au deuxième trimestre, 60 % des organisations ciblées étaient des moyennes entreprises, contre 46 % au premier trimestre, indique Beazley.

Paradoxalement, moins d’entreprises prendraient des mesures pour atténuer les cybermenaces, malgré une préoccupation accrue pour ce risque, explique Travelers, qui a récemment publié les résultats d’une étude nationale menée sur 1 200 chefs d’entreprises. Moins de la moitié d’entre elles ont déclaré qu’elles avaient utilisé un logiciel de détection d’intrusion de pirates (48 %), qu’elles avaient subi une évaluation des cyberrisques sur leur entreprise (47 %) ou qu’elles avaient écrit un plan de continuité d’activité qui pourrait les aider à répondre à une cyberattaque (42 %).

Au cours de la dernière année, un répondant sur quatre a été victime d’un cyberévénement, rapporte Travelers. Il s’agit de la proportion la plus élevée depuis que l’assureur a débuté son enquête sur les cyberrisques, en 2014.

Au Royaume-Uni, l’adoption de la cyberassurance par les petites et moyennes entreprises (PME) reste faible à seulement 12,7 %, selon l’enquête 2020 UK SME Insurance Survey de la firme d’analyse de données GlobalData.

« La pandémie a accru la dépendance à la technologie des entreprises, notamment pour qu’elles puissent rester opérationnelles pendant le confinement. Cette dépendance croissante à la technologie s’accompagne d’une augmentation du cyberrisque et d’un besoin qui n’a jamais été aussi élevé d’adhérer à une cyberassurance », estime Daniel Pearce, analyste principal chez GlobalData.

Les dommages collatéraux ne sont pas à prendre à la légère

Le troisième risque le plus préoccupant pour les chefs d’entreprise au classement canadien est le chômage et le quatrième, une crise financière. Tandis que le cinquième rang revient à la fraude ou au vol de données. Des dommages collatéraux qu’a entrainés la pandémie actuelle.

Les cas de fraude et de vol d’identité ont augmenté depuis que la COVID-19 fait partie du quotidien des Canadiens. Selon une étude rendue publique à la mi-septembre et commandée par Johnson Insurance, un assureur qui offre une protection contre le vol d’identité, 52 % des Canadiens sont incapables d’identifier les signes avant-coureurs indiquant qu’ils sont victimes d’un vol d’identité.

Selon l’enquête, 27 % des Canadiens ont remarqué une augmentation des activités suspectes liées à la COVID-19 sur les sites internet frauduleux et les publicités en ligne ; 23 % ont observé une augmentation des courriels suspects ; et 20 % des messages texte ou des appels téléphoniques suspicieux.

En 2019, la fraude ou le vol de données était le deuxième risque le plus préoccupant pour les chefs d’emprises, suivit des événements météorologiques extrêmes, d’un choc des prix de l’énergie et d’un échec de la gouvernance régionale et mondiale.

Un vent de changement se dessine

Les experts croient que la situation actuelle « modifie fondamentalement le marché du travail », estime pour sa part, Saadia Zahidi, directrice générale du Forum économique mondial. « En sortie de crise, c’est le moment idéal pour les dirigeants de créer de nouveaux emplois, de soutenir des salaires décents et de réinventer les filets de sécurité sociale pour relever de manière adéquate les défis des marchés du travail de demain », ajoute-t-elle.

« Pour optimiser la reprise, les organisations devront intégrer une plus grande préparation dans leurs modèles commerciaux afin d’être plus résilientes face aux perturbations futures, croit John Doyle, président et chef de la direction de Marsh. Une plus grande dépendance aux infrastructures numériques se traduira par une augmentation marquée des expositions aux cyberrisques. »