L’Indice de santé mentale de TELUS Santé (ISM) a reculé en avril 2024, toujours sous le poids de l’anxiété et de l’isolement. L’ISM des travailleurs canadiens s’est établi à 64,0 en avril, par rapport à 64,4 en mars. Score global de santé mentale, l’ISM avait rebondi en mars, par rapport au score de 63,2 mesuré en février. 

Le score global suit une trajectoire inégale à travers le Canada, selon les résultats présentés dans le rapport de l’ISM. Entre mars et avril, les scores de santé mentale de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de l’Ontario et de Terre-Neuve-et-Labrador ont augmenté, alors que ceux des autres provinces ont diminué ou sont restés stables. 

Après quatre ans d’évolution de l’ISM publié une première fois en avril 2020, l’anxiété et l’isolement continuent de peser sur le moral des travailleurs canadiens. Tous les scores secondaires de santé mentale, mise à part la productivité, ont diminué ou sont demeurés inchangés depuis mars. L’anxiété et l’isolement correspondent aux scores secondaires de santé mentale les plus bas depuis deux ans.

Le score secondaire de l’anxiété est demeuré au même niveau en avril par rapport à mars, soit 57,5. Après avoir atteint un sommet en juillet 2023, le score secondaire de l’anxiété a globalement diminué jusqu’en février 2024. Il est le score secondaire de santé mentale le plus faible depuis deux ans. Quant au score secondaire de l’isolement, il a baissé à 60,2 en avril, par rapport à 60,7 en mars. 

Le score secondaire du risque financier est celui qui a le plus baissé en avril 2024 : il perdu un point par rapport à mars 2024 pour se retrouver à 66,8. Seul le score secondaire de la productivité a augmenté durant cette période de comparaison, passant de pour atteindre 62,7. 

Épuisement généralisé 

Paula Allen

Parmi les travailleurs qui ont répondu à l’enquête de l’ISM, 42 % se sentent épuisés mentalement ou physiquement à la fin de leur journée de travail, révèle le rapport de TELUS Santé. Le score de santé mentale de ce groupe est près de 16 points au-dessous de la moyenne nationale (score global de 64). Il est de 26 points inférieur à celui des travailleurs qui ne se disent pas épuisés. 

Le quart des travailleurs (25 %) invoquent la surcharge de travail comme principale cause d’épuisement. Parmi d’autres causes, 20 % des travailleurs disent avoir trop d’exigences dans leur vie personnelle. Enfin, 11 % pour cent se plaignent d’un manque de soutien dans leur travail, et 10 % d’un manque de reconnaissance pour leur travail. 

« Si un ou plusieurs de ces facteurs ne sont pas atténués, le risque d’épuisement professionnel augmente », a dit au Portail de l’assurance Paula Allen, leader mondial et vice-présidente principale, recherche et connaissance de la clientèle, TELUS Santé. 

Des solutions 

L'épuisement professionnel est un risque occupationnel très réel qui affecte la productivité – Paula Allen 

Comment atténuer ce risque en entreprise ? « La première étape, c’est de reconnaître que l’épuisement professionnel est un risque occupationnel très réel qui affecte la productivité, la créativité, le service à la clientèle et la rétention des employés, ainsi que leur santé », explique Mme Allen. 

Selon elle, une culture de reconnaissance a une valeur immense pour l’entreprise, surtout en période de stress. « Lorsqu’ils sont sous pression, les gens ont besoin de plus de reconnaissance pour les aider à se motiver. Les problèmes incessants de la charge de travail sont plus facilement cernés et résolus lorsque les employés se sentent psychologiquement en sécurité au travail. Elle les encourage à exprimer leurs préoccupations et à collaborer sur des solutions », croit Mme Allen. 

Manque de motivation 

D’autres problèmes s’additionnent à l’épuisement. Selon l’ISM d’avril 2024, le tiers des travailleurs a de la difficulté à se motiver au travail. Or, 33 % des travailleurs qui peinent à être motivés au travail récoltent un score de santé mentale inférieur de près de 27 points à celui des travailleurs qui ne manquent pas de motivation, révèle l’ISM. Leur score aussi inférieur de 15 points à la moyenne nationale. 

Les travailleurs de moins de 40 ans sont presque deux fois plus nombreux que les travailleurs de plus de 50 ans à avoir de plus en plus de difficulté à se motiver au travail. Les problèmes personnels sont la principale cause de démotivation au travail chez 31 % des travailleurs. 

Pour expliquer leur manque de motivation, 23 % des travailleurs disent ne pas se sentir valorisés. Chez 13 %, leur travail est ennuyeux, alors que 12 % se plaignent qu’il y a trop de changements au travail.

Les trentenaires à risque 

Enfin, 8 % affirment avoir des conflits avec leurs collègues. Les gestionnaires et les travailleurs de moins de 40 ans sont plus nombreux à éprouver un manque de motivation en raison de conflits avec des collègues. 

La baisse de motivation est un signe courant d’épuisement professionnel, souligne Paula Allen. « Bien que le risque d’épuisement existe pour tous, il affecte particulièrement les travailleurs de moins de 40 ans, qui sont presque deux fois plus susceptibles que ceux de plus de 50 ans de trouver de plus en plus difficile de se motiver à faire leur travail. »

Ne pas savoir où aller 

Les travailleurs qui ne savent pas où aller chercher de l’aide professionnelle pour un problème de santé mentale sont plus susceptibles de se sentir épuisés, selon le rapport de l’ISM. Or, trois travailleurs sur dix disent qu’ils ne sauraient pas où aller chercher de l’aide professionnelle en cas de problème de santé mentale, ou en sont incertains. 

Paula Allen recommande aux organisations de donner par exemple une certaine flexibilité dans les horaires de travail. Elle les invite à sensibiliser les travailleurs au programme d’aide aux employés (PAE). « Les PAE peuvent aider les employés à faire face aux exigences et aux défis personnels », soutient Paula Allen. 

Des programmes inconnus 

D’après Mme Allen, les mêmes recommandations valent pour la démotivation au travail. Elle déplore toutefois que 33 % des travailleurs rapportent que leur employeur n’offre pas de programme d’aide aux employés. « Offrir ces soutiens dans un contexte de taux élevés d’épuisement et de manque de motivation est essentiel et constitue une bonne occasion d’aider les employés à s’épanouir. » 

Chez les entreprises qui les offrent, ces programmes sont souvent mal connus des employés, rapporte Mme Allen. « La recherche de TELUS Santé révèle que deux travailleurs canadiens sur cinq ne savent pas ce qu’est un PAE. Les scores de santé mentale des travailleurs qui ne savent pas ou qui rapportent que leur employeur n’offre pas de PAE sont d’au moins trois points inférieurs à ceux des travailleurs bénéficiant d’un PAE », déplore Paula Allen.