Le niveau de l’Indice de santé mentale TELUS (ISM) de mars 2024 rompt avec une baisse consécutive de deux mois. Le rapport de l’ISM observe en effet une amélioration notable du score global de l’indice de TELUS Santé, qui s’est porté à 64,4. Il était de 63,2 en février 2024

L’ISM répartit les scores selon trois catégories. Celle de la santé mentale à risque couvre les scores de 0 à 49, celle de la santé mentale précaire les scores de 50 à 79, et celle de la santé mentale optimale les scores de 80 à 100. Les données du rapport résultent d’un sondage en ligne mené auprès de 3 000 Canadiens résidant au Canada, actuellement en emploi ou qui l’ont été dans les six mois précédents. La première publication des résultats de l’ISM remonte à avril 2020. 

Anxiété et isolement demeurent des enjeux  

Malgré l’amélioration du score global de l’ISM, la santé mentale des travailleurs canadiens demeure très précaire, signale TELUS Santé. Son rapport révèle que 32 % des travailleurs présentent un risque élevé de problème de santé mentale. Ils sont 44 % à présenter un risque modéré.

Selon le rapport, environ 30 % des travailleurs à risque élevé de problème de santé mentale ont reçu un diagnostic d’anxiété ou de dépression. En comparaison, seulement 7 % des travailleurs à risque modéré et 2 % de ceux à risque faible ont reçu un tel diagnostic. 

Tous les scores secondaires de santé mentale se sont cependant améliorés entre février et mars, selon le rapport de l’ISM. L’indice de TELUS Santé révèle en outre que l’anxiété et l’isolement demeurent depuis 23 mois les scores secondaires de santé mentale les plus bas. 

Le score lié au risque financier a connu la plus forte amélioration en mars 2024, avec une hausse de deux points par rapport à février 2024. 

Entre émotions… 

Des gestionnaires éprouvent des difficultés à gérer les besoins émotionnels de leur équipe. Le changement et l’incertitude leur pèsent aussi. Les jeunes gestionnaires sont les plus touchés. 

Lors du sondage, 39 % des gestionnaires ont répondu qu’ils trouvaient difficile de gérer les besoins émotionnels d’un ou de plusieurs membres de leur équipe. Ce groupe affiche le pire score de santé mentale, soit 57,5. Ce score est inférieur de 17 points à celui des gestionnaires qui n’éprouvent aucune difficulté à gérer les besoins émotionnels dans leur équipe, et de 7 points à la moyenne nationale de 64,4. 

Les gestionnaires de moins de 40 ans sont 70 % plus nombreux que ceux de plus de 50 ans à affirmer qu’ils ont de la difficulté à gérer les besoins émotionnels d’un ou de plusieurs membres de leur équipe.

… pression… 

À savoir s’ils ressentent la pression de diriger leur équipe en période de changement ou d’incertitude, 38 % des gestionnaires ont répondu oui. Ce groupe affiche le pire score de santé mentale, soit 54,6. Il s’agit d’un score inférieur de 22 points à celui des gestionnaires qui ne ressentent aucune pression, et de près de 10 points à la moyenne nationale de 64,4. 

Les gestionnaires de moins de 40 ans sont 70 % plus nombreux que ceux de plus de 50 ans à ressentir une pression liée à la supervision de leur équipe en période de changement ou d’incertitude. 

… et manque de ressources 

Dans son sondage de l’ISM, TELUS Santé a demandé aux gestionnaires s’ils ont accès à des ressources qui peuvent les aider à relever les défis auxquels ils font face : 39 % ont répondu ne pas y avoir accès ou qu’ils n’en étaient pas certains. Les 20 % qui n’ont pas accès à des ressources affichent le pire score de santé mentale, soit 60,3. Ce score est inférieur de plus de 7 points à celui des gestionnaires ayant accès à ces ressources, et de 4 quatre points à la moyenne nationale de 64,4. 

Selon le rapport de l’ISM, les gestionnaires affichent malgré tout un score de santé mentale supérieur à celui des non-gestionnaires en mars 2024, soit 65,4 contre 63,7.

Vestiges de la COVID-19 

Cela n’a pas toujours été le cas. De janvier à octobre 2021, le score de santé mentale des gestionnaires était plus faible que ceux des non-gestionnaires et de la moyenne canadienne, mentionne le rapport de l’ISM. De novembre 2021 à janvier 2023, les gestionnaires et les non-gestionnaires ont obtenu des scores de santé mentale similaires. 

Les difficultés des gestionnaires se sont aggravées durant la pandémie de COVID-19, déclarée le 11 mars 2020 par l’Organisation mondiale de la santé. C’est d’ailleurs la pandémie qui a décidé Solutions mieux-être Lifeworks (acquis par TELUS en 2022) à rendre publiques ses données sur l’Indice de santé mentale dès avril 2020, en les comparant aux données de 2019.

À partir de son système de veille sur les tendances internationales en santé et qualité de vie au travail, Global-Watch a souligné en 2022 que les gestionnaires doivent souvent gérer des demandes paradoxales, en équilibre entre la croissance et la nécessité de s’enquérir de la santé mentale de leurs employés. Présidente fondatrice de Global-Watch, Marie-Claude Pelletier avait qualifié la situation des gestionnaires de rôle « sandwich ». 

En 2024, les tendances cernées par Global-Watch révèlent que le rôle des gestionnaires sera crucial dans le respect des obligations réglementaires actuelles et à venir en matière de risques psychosociaux. Selon l’une des tendances, le rôle des gestionnaires devra être exemplaire face à des risques tels que la violence, le harcèlement et les incivilités bien présents dans les milieux de travail. Le Portail de l’assurance publiera sous peu un texte au sujet des huit tendances observées en 2024 par Global-Watch.