L’assurtech montréalaise Covera a récemment été acquise par une jeune consœur, l’assurtech ottavienne Insurego. Lancée sur le marché de l’assurance en mars 2019, cette dernière est une plateforme de courtage numérique entièrement automatisée offrant une gamme complète d’assurances multirisques.
Les deux start-up ayant pour ambition de repenser le courtage en ligne, ce rachat est apparu comme logique pour chacune des parties. La discussion entre les deux entreprises avait débuté quelques mois auparavant, alors que Covera était en plein questionnement.
Questions, reposition, acquisition...
Covera est une plateforme de courtage numérique dont l’objectif est d’automatiser le processus de renouvèlement des polices d’assurance automobile et habitation en faisant la recherche du meilleur taux. En avril 2017, l’Autorité des marchés financiers lui a délivré un permis d’exercer, et c’est ce qu’elle a fait entre l’été 2017 et l’été 2018. Mais après un an passé à renouveler les contrats d’assurance de particuliers, le courtier numérique a ressenti le besoin de se repositionner.
« Nous vivions de nombreuses frictions du fait de notre expansion dans de nombreuses juridictions dont l’Ontario, les Maritimes ou encore l’Alberta. Nous avons constaté qu’il était très difficile de recruter des courtiers avec les permis appropriés et d’obtenir les autorisations nécessaires pour que l'entreprise soit en mesure de répondre au niveau de croissance que nous visions », confie Paul O’Reilly, cofondateur et directeur de la technologie de Covera, en entrevue à FlashFinance.ca.
Alors que l’entreprise avait investi dans le développement et la mise en avant de sa plateforme de courtage, d’autres entreprises ont commencé à montrer de l’intérêt et à vouloir acquérir une licence qui leur permettrait d’utiliser à leur compte la technologie développée par Covera. L’assurtech a alors entrepris un virage stratégique. « Nous avons décidé de passer d’un courtier de détail à un fournisseur de technologie », dit M. O’Reilly.
Un rachat qui « fait sens »
Les discussions avec Insurego ont commencé à ce moment-là, alors que Covera cherchait des investisseurs et des collaborateurs. « À mesure que cette conversation se développait, les chevauchements entre nos plans et notre vision du monde devenaient évidents », lâche M. O’Reilly. De cet échange a découlé ladite acquisition, « conclue au deuxième trimestre de 2019 », indique-t-il.
« L’achat de Covera faisait simplement sens », affirme à FlashFinance.ca Randy Carroll, PDG d’Insurego. « Paul et son équipe étaient plus avancés que nous en ce qui touche l’automatisation et la technologie. Au lieu de continuer à construire notre propre technologie, acheter ce que Covera avait était plus sensé. Concrètement, cette acquisition nous permet d’arriver sur le marché plus rapidement que ce que nous avions prévu avec une plateforme supérieure à celle que nous construisions », poursuit M. Carroll, qui a été PDG de l'Association des courtiers d'assurance de l'Ontario (IBAO) pendant 12 ans, avant de quitter ses fonctions en décembre 2014.
Une plateforme pour la concurrence
Utilisée par Insurego pour sa plateforme de courtage en ligne, la technologie de Covera sera également utilisée pour développer une deuxième plateforme, destinée à d’autres compagnies d’assurance. Ainsi, Insurego entend poursuivre l’objectif qu’avait Covera d’assister d’autres courtiers au quotidien.
« Dans un proche avenir, nous allons renommer Covera et Paul continuera de diriger l’équipe en tant que directeur de la technologie de cette nouvelle marque », indique Randy Carroll. Paul O’Reilly confirme, précisant que la nouvelle plateforme, dont le nom n'est pas encore connu, devrait voir le jour au début de l’année 2020.
La plateforme à venir sera « capable d’automatiser à peu près toutes les tâches répétitives rencontrées dans le secteur de l’assurance, de l’obtention de taux à la génération de documents ou de campagnes de markéting », dit M. O’Reilly. Il précise aussi que la plateforme sera, entre autres, multilingue et dotée d’un robot de messagerie instantanée permettant la discussion entre le courtier et le client.
La plateforme ne sera cependant pas mise en avant comme étant un système de gestion de courtage (BMS), insiste M. O’Reilly. La plateforme pourra en effet être utilisée comme un « outil additionnel », complémentaire aux BMS déjà en place dans les entreprises qui choisiront de l’utiliser.
L’Ontario avant le reste
La nouvelle plateforme développée par Insurego visera, dans un premier temps en tout cas, « les cabinets de courtage et les agents généraux », dit Paul O’Reilly. Randy Carrol précise par ailleurs que, pour 2019, Insurego se concentre sur le marché de l’Ontario. « Nous allons nous développer au-delà des frontières ontariennes et canadiennes à mesure que les opportunités se présentent et, oui, cela inclut le Québec », affirme-t-il.
En aout 2019, Covera était toujours enregistrée au Registraire des entreprises du Québec, mais elle n’était plus enregistrée auprès de l’Autorité comme cabinet en assurance de dommages autorisé à exercer au Québec. Contacté, Scott Loong, cofondateur et PDG de Covera, n’a pas donné suite à nos sollicitations.