Yan Charbonneau a marqué l’imaginaire des gens en assurance il y a deux ans en affirmant qu’il souhaitait que son entreprise détienne un volume de primes d’un milliard de dollars (G$) en dix ans. Il revoit son objectif… à la hausse !
Il veut maintenant générer des revenus de commission d’un milliard de dollars d’ici dix ans, et ce, uniquement en assurance de dommages.
Cela implique qu’il génère un volume de primes d’environ 5,5 G$ d’ici dix ans, soit l’équivalent du volume actuel d’un assureur de la taille d’Aviva Canada.
Objectif ambitieux, mais pas inatteignable, affirme M. Charbonneau. Il souligne que certains grands cabinets pancanadiens sont en voie eux aussi d’atteindre ce cap.
M. Charbonneau affirme que joindre les rangs de Canadian Broker Network lui a fait revoir ses perspectives de croissance. Il a d’ailleurs été convenu avec les cinq autres cabinets membres du regroupement qu’il serait le bras d’acquisition de Canadian Broker Network.
Il apporte une précision : « Je ne veux pas juste grossir pour grossir ! »
Un nouveau nom
M. Charbonneau a aussi dévoilé le nouveau nom du holding regroupant les entreprises qu’il possède. Il portera le nom de Synex Performance d’affaires.
Pourquoi Synex ? « Nous travaillons depuis un an à avoir une marque pour le groupe. On recherchait aussi un nom qui se disait bien en français et en anglais. Synex est un amalgame des mots synergie et excellence. On veut démontrer que nous achetons les meilleures compagnies pour les amener à travailler ensemble. »
M. Charbonneau se positionne ainsi davantage comme consolidateur, lui qui a réalisé plusieurs acquisitions au fil des ans, tant en assurance de dommages qu’en assurance de personnes. « On veut acheter les entreprises les plus performantes de leur secteur. On ne fera pas de redressement », a-t-il confié en entrevue au Portail de l’assurance.
Une première acquisition hors Québec
M. Charbonneau souhaitait depuis longtemps étendre sa portée hors Québec. C’est maintenant chose faite.
Il disait viser de prime abord l’Ontario. C’est toutefois en Alberta qu’il a acquis son premier cabinet situé hors des frontières du Québec : A-Kan Insurance, un cabinet établi à Edmonton, qui compte un volume de primes d’une dizaine de millions de dollars (M$).
Avec cette nouvelle acquisition, le volume de primes de Synex en assurance de dommages est de 125 M$, dont 115 M$ au Québec. D’ici la fin de 2020, M. Charbonneau dit s’attendre à ce que ce volume soit plus élevé de 185 M$ à la fin de l’année. C’est donc dire que si tout se passe selon ses plans, Synex terminera l’année avec un volume de primes pancanadien de 310 M$.
Acquisitions hors assurance à venir
Il n’entend pas se limiter à l’assurance pour réaliser des acquisitions. Il se dit ouvert à acquérir des firmes de services professionnels financiers, comme des cabinets comptables ou de pratique notariale. L’assurance collective sera aussi une cible, signale-t-il, alors qu’il a réalisé sa première acquisition dans ce segment l’été dernier.
« On vise des entreprises de taille critique. On n’achètera pas un cabinet comptable qui compte trois employés. On vise les ligues majeures ! On a le capital pour le faire. »
D’où proviennent ces sources de financement ? De banques notamment. Mais aussi d’un fonds de capital constitué par les anciens propriétaires des entreprises acquises par M. Charbonneau au fil des ans. Joindre le regroupement de courtiers Canadian Broker Network lui a aussi ouvert d’autres portes pour obtenir du financement, notamment auprès d’assureurs. « On travaille plusieurs opportunités avec des investisseurs privés », a-t-il aussi mentionné.
Rallier Canadian Broker Network lui donne aussi accès à un réseau plus important qu’avant. En assurance de personnes, M. Charbonneau est le vice-président et le trésorier de CAILBA, un regroupement d’agents généraux. Il est d’ailleurs actif dans le dossier de la taxation qui pourrait été imposée à des agents généraux au Québec.
6 acquisitions en marche
M. Charbonneau convient qu’il a été plus tranquille côté acquisitions en 2019, surtout en ce qui a trait à l’assurance de dommages, segment où il n’en a pas réalisé. 2020 sera une année différente, et ce, tous segments confondus, clame-t-il.
En plus de l’acquisition annoncée en Alberta, M. Charbonneau dit avoir bon espoir de pouvoir réaliser sous peu six autres acquisitions, dont quatre qui devraient être annoncées d’ici la fin avril. Ces acquisitions ne seront pas uniquement au Québec. Il devrait y en avoir en Ontario et dans l’est du pays. « Canadian Broker Network m’a donné une visibilité et une ouverture pancanadienne », dit-il.
M. Charbonneau a d’ailleurs décidé de grossir son équipe dédiée aux acquisitions. L’embauche de Jean-Sébastien Larivière à titre de vice-président principal est un jalon en ce sens. Celui-ci était un proche collaborateur d’André Lussier chez Lussier Dale Parizeau. « Par ces embauches, on veut s’assurer de remplir nos promesses aux entreprises que nous achetons », a-t-il commenté.
D’ailleurs, c’est grâce à une référence qu’il a pu mettre la main sur A-KAN Insurance en Alberta, et ce, même si l’un des membres de Canadian Broker Network, Rogers Insurance en l’occurrence, est établi en Alberta. Ce cabinet a néanmoins joué un rôle de facilitateur dans la transaction, relate M. Charbonneau. Il souligne aussi que les prochaines transactions qu’il réalisera seront des cabinets de l’ordre de 30 M$ à 50 M$.
Quelle place pour la croissance organique ?
Si Synex met autant d’emphase sur les acquisitions, reste-t-il de la place pour la croissance organique ? Absolument, affirme M. Charbonneau. C’est même la force de son modèle, affirme-t-il.
« Le pacte que je fais avec les entreprises que j’achète est le suivant : les équipes de ces compagnies restent justement en place pour créer de la croissance organique. Je m’occupe du volet acquisitions, mais les gens de l’entreprise sont responsables de sa croissance », explique-t-il.
Il prend d’ailleurs en exemple son année 2019 pour illustrer le fonctionnement de son modèle. L’entreprise aujourd’hui devenue Synex affichait 93 M$ de primes au début de 2019. Elle l’a conclu à 115 M$, avec une croissance de 12 % en unités de polices.
M. Charbonneau compare ainsi sa structure à celle du transporteur routier TransForce, qui a acquis plusieurs entreprises au fil des ans, mais qui conserve leur image de marque. Ce fut notamment le cas de Besner. D’ailleurs, les filiales de Synex conserve le nom qu’elles avaient avant d’être acquises par M. Charbonneau : Groupe AFL en assurance vie et services financiers, Couture Rochette pour l’assurance des moyennes et grandes entreprises, Deslauriers en assurance des particuliers, et Renaud pour l’assurance des entreprises et la gestion de risques.
« En achetant et en conservant le nom, ça devient un gage de la relation avec la clientèle. Le seul ajout que l’on fait est une mention qu’il s’agit d’une compagnie de Synex. Elles font ainsi partie d’un grand ensemble. Synex est le consolidateur, tandis que chaque filiale est dirigée localement et non par un siège social à Chicago. On veut devenir un joueur important, mais qui est contrôlé par ses employés », explique M. Charbonneau. Il convient que ce modèle a des similitudes avec celui de BFL Canada, qui compte aussi plusieurs employés au sein de son actionnariat.