Medavie souhaite aider le système de santé canadien à absorber la vague du vieillissement et de l’endettement des gouvernements en multipliant les partenariats avec le secteur public, voire avec d’autres entreprises privées.

Depuis quelques mois à la tête de Medavie, son chef de la direction Bernard Lord mettra à contribution sa vaste expérience politique pour poursuivre cette mission. Pour y parvenir, le système public et le secteur privé doivent multiplier les maillages et s’inspirer d’autres modèles pour faire face aux tendances démographiques qui pourraient mettre les régimes de santé publics et privés en péril, dit l’ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick. En assurance, l’entreprise est surtout connue par l’entremise de sa filiale Croix Bleue Medavie. L’entreprise a aussi comme filiale Services de santé Medavie, qui offre des services de santé partout au Canada et ayant des bureaux dans huit provinces. Cette filiale gère aussi des centres d’appels au 911, gère la répartition d’ambulance et livre directement des soins de santé à un million de Canadiens annuellement. À titre d’exemple, au Nouveau-Brunswick, Medavie coordonne trois services : le service ambulancier, la ligne 811, et le programme extra-mural pour les patients qui ont besoin d’un suivi après une visite chez le médecin, ou une intervention chirurgicale.

Medavie compte aussi une fondation : la Fondation Medavie pour la santé. « Nos trois entités travaillent séparément. Nous les ferons travailler ensemble. Nous voulons développer ces services dans les autres provinces », a dit M. Lord, en entrevue au Journal de l’assurance.

Amener les soins là où sont les gens

Medavie se donne comme objectif d’amener les soins là où sont les gens. « Plus de visites à domicile et plus de services dans la collectivité permettent de désengorger les urgences et d’améliorer les soins aux patients. Notre programme au Nouveau-Brunswick démontre que lorsque cela est possible, les patients préfèrent recevoir les soins à domiciles. Nous en avons réalisé de semblables dans d’autres provinces. Nous sommes en pourparlers avec des gouvernements pour y ajouter des services », a révélé Bernard Lord.

Il ajoute que Medavie se voit comme une organisation de santé, qui a une composante d’assurance. « Nous avons développé les soins de santé. Ça nous différencie des autres assureurs. Cela nous permet de bien gérer les garanties en assurance collective et individuelle, car nous avons une expertise particulière en santé. »

Medavie forme aussi des paramédics et emploie des infirmières. L’entreprise compte 6 400 employés, dont 1 900 chez Croix Bleue Medavie.

Lors de l’entrevue accordée au Journal de l’assurance, M. Lord a aussi réitéré son intérêt à signer des partenariats avec d’autres assureurs. Il rappelle l’alliance stratégique signée avec Co-operators, où Croix-Bleue Medavie administre les polices d’assurance collective des employeurs clients de la coopérative au Québec.

Selon M. Lord, se positionner comme organisation en santé devient une force face à l’insatisfaction qu’ont plusieurs personnes face à leur régime collectif. « Nous avons beaucoup d’adhérents dans les marchés où nous vendons de l’assurance vie individuelle. Ils voient dans Croix Bleue Medavie un partenaire qui leur permet de se protéger avec leur famille, en plus d’accéder à des médicaments et à des services non couverts par le gouvernement.

L’incontournable stratégie numérique

Medavie a aussi fait d’importants investissements en numérique, notamment dans des applications mobiles, qui permettent le règlement d’une réclamation en quelques heures. « Nous le réduirons à quelques minutes… et peut-être éventuellement à quelques secondes, précise M. Lord. Le but est de simplifier la vie des adhérents. La technologie devient un moyen pour rehausser l’expérience client. »

Sur le retard de l’industrie à utiliser les données massives pour mieux connaitre ses clients, M. Lord convient qu’une amélioration est nécessaire. Or, la confidentialité doit demeurer primordiale, dit-il. « Le service doit être rapide, simple, efficace, mais aussi confidentiel. »

Medavie n’entend pas tout faire seul de son côté. « Il faut trouver les bons partenaires, que ce soit des gouvernements ou des entreprises privées. Il faut bien utiliser les données qui sont disponibles d’une façon collective, sans nécessairement identifier les individus. Il y a du travail à faire de ce côté. Nous avons des projets à développer. Nous voulons avancer comme organisation de santé intégrée », dit M. Lord.

De plus, l’assuré de Croix Bleue Medavie peut consulter l’état de son dossier sur application mobile. Ces avancées numériques permettent, selon M. Lord, de rehausser l’expérience client. « Nous voyons ce que les gens recherchent et ce dont ils ont besoin, mais aussi mesurer leur degré de satisfaction. »

L’impact sur la santé avant la rentabilité

Avant la recherche de profits, l’objectif de Medavie est d’avoir un impact sur la santé des Canadiens, a insisté M. Lord. Medavie est une société sans but lucratif, rappelle-t-il.

« Nous avons des objectifs financiers. Nous sommes rentables. Nous voulons avoir un impact sur le mieux-être des Canadiens, en santé. Nous nous voyons comme partenaires des employeurs et des gouvernements. Nous pouvons adopter une vision à long terme en raison de notre structure de gouvernance. Nous réinvestissons les profits dans nos systèmes, nos employés, les réserves, et nous redonnons à nos collectivités. »

M. Lord affirme que sa compagnie a une très bonne pénétration en assurance vie individuelle dans les provinces de l’Atlantique, notamment chez les gens qui perdent leur assurance collective.

Côté collectif, malgré une croissance appréciable avec la venue de plusieurs groupes, notamment les villes de Halifax et de Fredericton, Croix Bleue Medavie a récemment eu à déplorer la perte de la Ville de Moncton, aux mains de Green Shield Canada