Dans sa récente Mise à jour du marché canadien de l’assurance pour l’automne 2025, la société Aon plc souligne que les conditions sont toujours favorables en assurance de dommages en raison des capacités accrues, de bons résultats de souscription et d’une concurrence plus forte entre les assureurs. 

« Ces facteurs favorisent des modalités plus avantageuses et des options de couverture plus étendues, car les assureurs accordent la priorité à la fidélisation de leurs clients et cherchent à offrir une plus grande valeur ajoutée », indique Catherine Lanctôt, vice-présidente principale et directrice nationale du groupe des services financiers chez Aon. 

Selon Russ Quilley, premier vice-président et directeur principal du courtage, « les assureurs demeurent rigoureux dans la sélection des risques, particulièrement pour les expositions aux catastrophes naturelles et les profils de risque historiquement difficiles ».

Il ajoute que « les organisations qui investissent dans la prévention des pertes et qui soumettent des dossiers transparents et complets sont les mieux placées pour obtenir des taux réduits, des conditions améliorées et une couverture bonifiée ». 

Un marché favorable 

Malgré les pertes records associées aux sinistres catastrophiques de l’été 2024, le marché canadien demeure résilient, selon les auteurs de la mise à jour. Les assureurs mettent l’accent sur la rétention des affaires de qualité, ce qui offre des options de couverture plus étendues et des allègements de prix à de nombreux assurés. 

Cependant, certains secteurs à risque élevé continuent d’être difficiles à placer pour les courtiers. Le rapport souligne la responsabilité civile exposée aux États-Unis, la responsabilité du secteur public et les risques immobiliers sujets aux catastrophes. Sur ce dernier élément, Aon rapporte des augmentations des sommes réclamées en franchise d’assurance pour les expositions aux catastrophes naturelles.

Même si les souscripteurs font preuve de plus de flexibilité en raison de la concurrence, les soumissions doivent être détaillées et accompagnées de mesures de stratégie de mitigation pour que les preneurs obtiennent de meilleures conditions. 

Cyberassurance 

Le marché de la cyberassurance est un bon exemple de l’évolution rapide du marché. Après des années de forte volatilité, le marché a connu un assouplissement notable, avec une baisse des taux de 15 % en 2024 sur l’année précédente. Les limites ont aussi été augmentées. Aon constate que 25 % des clients ont acheté des limites supplémentaires en 2024.

Le cycle de réassurance était favorable en janvier 2025. Cependant, « l’activité persistante de sinistres et l’augmentation des réclamations laissent présager que ces conditions pourraient ne pas être durables à long terme ». 

Les taux compétitifs sont offerts, mais les entreprises qui présentent des lacunes importantes dans leurs contrôles de sécurité ou qui affichent un historique défavorable sont confrontées à des défis supplémentaires. 

Les risques systémiques et les réclamations liées aux tiers demeurent insuffisants dans de nombreuses entreprises, selon Aon. Les entreprises doivent renforcer les processus de gestion des fournisseurs et évaluer leur exposition totale aux cyberrisques, notamment en lien avec les interruptions de service à grande échelle. 

Le risque climatique 

Les feux de végétation qui ont frappé la Californie en janvier 2025, tout comme ceux qui touchent plusieurs pays européens durant l’été 2025, sont révélateurs d’une tendance à l’aggravation du risque lié aux catastrophes. Le Canada connaît déjà sa deuxième pire année enregistrée pour l’activité des feux de forêt, après l’année 2023.

Quelque 7,5 millions d’hectares ont déjà été brûlés en août 2025, principalement dans les provinces des Prairies et dans la région de l’Atlantique. Après un premier semestre de précipitations abondantes qui ont favorisé la croissance de la végétation, une sécheresse prolongée et la canicule ont créé des conditions favorables à l’embrasement du combustible végétal.

Diverses stratégies existent pour renforcer la résilience des organisations au risque de feux de forêt. Les risques doivent être mieux évalués, tout comme l’exposition à ce péril, imposent l’élaboration de plans d’intervention d’urgence et des plans de continuité des activités. Ces plans exigent une mise à jour régulière en raison de la nature évolutive du risque de feux de forêt.

Responsabilité civile et construction 

Selon Aon, les taux d’assurance responsabilité civile demeurent stables, sauf pour l’exposition aux États-Unis. La concurrence accrue, découlant de l’arrivée de nouveaux assureurs en responsabilité civile aux entreprises, est favorable aux preneurs, particulièrement en responsabilité primaire. Les clients se voient offrir des conditions améliorées et des couvertures élargies. 

Pour la responsabilité excédentaire (ou parapluie), l’augmentation des coûts juridiques associés à des « verdicts nucléaires » rend les assureurs plus frileux. Les capacités et les taux pour les comptes exposés au marché des États-Unis sont moins intéressants pour les besoins des entreprises à cet égard, comme le constatent les firmes de camionnage depuis plusieurs années. 

Du côté des entreprises du secteur de la construction commerciale, les assureurs augmentent aussi leur capacité et mettent l’accent sur la croissance du portefeuille et la fidélisation de la clientèle. Les auteurs du rapport notent par ailleurs que la prudence demeure chez les assureurs pour les constructions en bois lamellé-croisé, aux toitures à chaud et aux projets fortement exposés à l’eau. 

Les taux, les montants de rétention et les franchises demeurent stables pour la responsabilité professionnelle. Les bons dossiers peuvent même profiter de primes réduites, indique Aon. 

Réassurance 

Le marché mondial de la réassurance a atteint un record de 720 milliards de dollars américains (G$ US) au 31 mars 2025, grâce à une année exceptionnelle à l’échelle mondiale en 2024. Malgré les feux de forêt en Californie, dont les pertes assurées sont évaluées à 40 G$ US, le rendement des réassureurs sur les capitaux propres a dépassé les 10 % au premier trimestre de 2025. 

« L’incertitude géopolitique et les risques liés aux changements climatiques demeurent des préoccupations qui influencent la réflexion des réassureurs », précise-t-on dans le rapport. 

La mauvaise année vécue en 2024, particulièrement pour l’assurance des particuliers au Canada, aurait pu avoir des conséquences pour les réassureurs canadiens. Aon fait observer que les conditions offertes au Canada se rapprochent de celles offertes sur le marché mondial, qui demeurent favorables aux acheteurs. Les réassureurs canadiens ont dû s’ajuster à la concurrence des réassureurs étrangers. 

« Globalement, la capacité est suffisante pour toutes les branches et toutes les régions. Les acheteurs canadiens ont de nombreuses opportunités d’acheter des limites supplémentaires en milieu d’année pour soutenir la croissance, ou d’opter pour des structures de programmes alternatifs qui peuvent aider à atténuer la volatilité des revenus », soulignent les auteurs du rapport.