Revau peut désormais participer à des risques comme un assureur, à même ses capacités soutenues par de la réassurance. 

Le chef du transfert alternatif des risques de Revau, Rahem Tejani, a travaillé avec la direction de l’agent général dans un autre projet dévoilé dans le cadre de l’entretien mené par le Portail de l’assurance avec Jean-François Raymond et Marie-Philippe Lambert. Il a œuvré à la création d’une captive d’assurance. 

L’entreprise prend la forme d’une nouvelle société d’assurance, enregistrée aux Barbades depuis la troisième semaine de novembre. Appelée Magnitude, l’entreprise détient ses propres capacités de souscription soutenues par des réassureurs. « Nous pouvons donc prendre une partie des risques en assurance de dommages des biens des entreprises avec les autres assureurs », souligne Jean-François Raymond. 

« C’est pour cela qu’on a implanté la plateforme Guidewire, pour avoir les mêmes capacités que les assureurs », rappelle-t-il. 

« Cela nous donne aussi le contrôle sur les réclamations. On peut gérer cela, on a l’historique des sinistres et la capacité d’analyse », poursuit-il. La nouvelle division permet aussi de renforcer la relation de l’agent général avec les assureurs, car Revau utilise ses propres capitaux pour financer ces nouvelles capacités. 

Magnitude ne se lancera pas dans des segments d’affaires complexes. La société sera là pour prendre des participations notamment dans l’immobilier commercial. Elle dispose de ses propres règles de souscription et guides de tarification. Il y a eu beaucoup de travail actuariel pour soutenir ce projet, selon M. Raymond. 

Aucun autre grossiste au Canada ne dispose d’un outil comme celui d’une captive, précise M. Raymond. Pourquoi s’être lancé là-dedans ? « C’est un modèle courant aux États-Unis. On y pensait depuis longtemps, mais on n’avait pas la taille suffisante ni la technologie pour le faire », dit-il.

Ce n’est pas la même chose qu’une police captive offerte par un cabinet de courtage, ajoute-t-il. « Sans les réassureurs, on ne pouvait rien faire. » L’aventure commence à peine, mais d’ici deux ans, Magnitude devrait soutenir des capacités qui représenteront des primes d’environ 20 M$ à 30 M$ pour aider les courtiers à fermer des contrats en partage de risque. 

Convaincre l’actionnaire 

A-t-il été compliqué de convaincre le principal actionnaire, le fonds Novacap Services financiers, de prendre de l’expansion dans le cautionnement et de se lancer dans la création d’une captive, même si aucune injection de capitaux n’a été nécessaire ?

« Pour le cautionnement, non, comme on était déjà là-dedans. Pour la captive, cela a été plus compliqué. C’est de la prise de risque, ce n’est pas dans leurs activités habituelles, on a dû les convaincre », dit-il. 

L’investissement de Novacap, qui a généralement une durée de vie de huit ans, pourrait se prolonger sur deux ans de plus. En conséquence, comme l’investissement dans GroupAssur (maintenant Revau) remonte à 2020, les parts de l’actionnaire seront à vendre au plus tard en 2030. 

Optiom, société récemment acquise par Aviva et spécialisée en assurance de remplacement des véhicules, était l’un des investissements faits par Novacap par l’entremise du même fonds qui a servi pour investir dans Revau.

« On n’est pas à vendre, il n’y a pas de discussion là-dessus », insiste Jean-François Raymond. L’entreprise a encore quelques années devant elle pour trouver des avenues de financement à sa croissance. 

Expansion aux États-Unis 

Le volume de primes chez Revau est d’environ 310 M$, indique la direction. À l’heure actuelle, les projets d’acquisition sont explorés surtout sur le marché américain. Jean-François Raymond y travaille avec M. Tejani. Les deux hommes font le tour des grands congrès avec les gens de Novacap pour solliciter des vendeurs potentiels et des institutions financières. 

Aux États-Unis, il y a quelques très grands MGA avec des volumes de primes autour du milliard, et beaucoup de joueurs plus petits avec des volumes inférieurs à 100 M$. Entre les deux, certains grossistes très spécialisés ont des volumes de quelques centaines de millions.

Revau est déjà très actif dans le marché du camionnage et l’une des acquisitions analysées concerne un MGA actif uniquement dans ce segment. L’entreprise ne veut pas faire d’acquisition dans les États trop souvent secoués par les catastrophes naturelles, comme les régions côtières frappées par les ouragans. 

Les consolidateurs dans le marché américain se limitent à acheter des concurrents sans vraiment les intégrer. Le regroupement se passe davantage en silos, selon M. Raymond. « C’est différent de nous comme approche, car nous voulons être un one-stop shop. » 

L’entrevue a été réalisée conjointement avec Serge Therrien, président et éditeur des Éditions du Journal de l’assurance.