Malgré les mois difficiles qu’elle a connus, la bannière Intergroupe n’a pas mis de côté son développement.

Au point tel que la bannière peut présenter un premier pas de ce que son président Bernard Laporte qualifie de « bannière 2.0 », en lançant la plateforme Web kangoo. Elle permettra aux courtiers de souscrire des produits d’assurance via le Web. À terme, Intergroupe a même l’ambition de leur permettre de bâtir eux-mêmes leur offre de produits Web via kangoo.

Le Portail de l’assurance a pu en avoir un aperçu exclusif, alors que kangoo vient d’être lancé auprès de quelques courtiers. Quatre produits y sont disponibles pour la vente, soit des produits d’assistance et d’assurance juridique de l’assureur ARAG, qui vient d’acquérir un concurrent pour consolider sa position dans ce créneau précis. Deux des produits visent les entreprises, alors que les deux autres visent les particuliers.

Intergroupe compte s’imposer comme un leadeur dans le marché de l’assurance et de l’assistance juridique. La bannière entend mousser la vente de ses produits auprès de ses courtiers, particulièrement du côté des entreprises, a fait valoir M. Laporte.

« C’est quelque chose que les courtiers doivent proposer à leurs clients. Si un client subit un procès et que l’on découvre que le courtier ne l’a pas proposé, ça pourrait mener à un défaut de couverture », croit même M. Laporte.

En quoi consistent ces produits ? L’assurance juridique couvre les frais d’avocats en cas de poursuite contre l’entreprise et ses dirigeants jusqu’à concurrence de 200 000 $, avec une limite d’assurance de 100 000 $. Lors d’une réclamation, ARAG cible le bon avocat pour défendre l’entreprise en fonction de son profil et assume ses couts de défense quant à l’assistance juridique, il s’agit d’un service-conseil où une ligne téléphonique donne accès à des avocats.

Une refonte causée par la pandémie

La plateforme kangoo n’est pas nouvelle en soi pour Intergroupe. La bannière l’avait dévoilée lors de la Journée de l’assurance de dommages 2020, deux jours avant que le Québec bascule en mode confinement. À l’origine, elle devait permettre aux courtiers d’y souscrire des risques spéciaux. La pandémie a bousculé les choses, au point tel où Intergroupe a vendu son portefeuille d’assurance spécialisée au grossiste GroupAssur.

« Nous avons donc reconverti la plateforme pour la redésigner et travailler sur l’expérience utilisateur, ce qui nous a menés au lancement de la plateforme en assurance juridique », indique Édouard Laporte, directeur du markéting, aussi présent lors de l’entrevue.

kangoo deviendra avant tout une plateforme de vente pour les courtiers, explique-t-il. Elle recèle aussi d’autres capacités, dit Édouard Laporte. « Les souscripteurs pourront aussi travailler directement dedans et fabriquer leur mot-à-mot pour d’autres produits. On veut rendre le tout plus personnalisable, car les courtiers pourront l’intégrer directement dans leur site pour faire la souscription initiale avec le client. »

Devenir un grossiste au pluriel

Bernard Laporte dit qu’Intergroupe doit aller au-delà d’une bannière 2.0, mais devenir un « grossiste au pluriel ». Qu’entend-il par cette expression ?

« On ne veut pas seulement les polices que les courtiers ne peuvent pas placer ailleurs. C’est pourquoi nous ouvrirons notre programme d’assistance et d’assurance juridique à tous, pas uniquement à nos membres. Il n’y a pas d’autres plateformes de ce type qui sont disponibles sur le marché. C’est certain que nos membres auront certains avantages, mais on veut donner accès à tous les courtiers », dit-il.

À ce propos, Édouard Laporte ajoute que d’autres produits se grefferont bientôt à kangoo, dont un programme d’assurance évènementielle. Intergroupe s’attend à un lancement une fois le gros de la pandémie passée, mais aussi d’avoir ses taux du syndicat Lloyd’s avec qui la bannière traitera. « En faisant du multiproduit, les courtiers pourront réaliser des ventes croisées », ajoute-t-il.

Comment réagissent les assureurs au développement de cette plateforme ? Y voient-ils une forme de concurrence contre eux ? Non, affirme Bernard Laporte. Ils y voient plutôt les gains de temps qu’ils pourront y réaliser, ajoute-t-il.

« Ils sont très intéressés du fait que ça soulage leur manque de main-d’œuvre. Notre plateforme leur enlève beaucoup de tâches manuelles. ARAG nous a d’ailleurs grandement soutenus pour cette raison, notamment. Les assureurs pourront gérer eux-mêmes leur partie de la plateforme, voire la dupliquer », dit-il, ce à quoi Édouard Laporte précise que chaque assureur a un portail qui lui est réservé via la plateforme.

Sommes investies

Combien a couté le développement de cette plateforme jusqu’à maintenant ? Les deux hommes estiment que la première phase de développement a couté entre 90 000 $ et 100 000 $. Ce à quoi s’ajoute un montant de 10 000 $ à 15 000 $ pour rebâtir le code source nécessaire au redésign de sa seconde phase.

« Garder ce cout aussi bas a été possible grâce à l’apport de notre équipe, révèle Bernard Laporte. Nous sommes une petite équipe. Il y a donc des gens qui ont accepté d’y travailler la fin de semaine. Des assureurs se sont aussi investis. Ils n’avaient pas à réfléchir à la programmation. On leur donne la recette et ils n’ont qu’à la cuisiner. »

M. Laporte précise toutefois qu’Intergroupe a avant tout bâti kangoo pour ses besoins et non ceux des assureurs. « Nous avons toutefois fait en sorte que les assureurs puissent s’y raccorder », précise-t-il.

Si les couts de la première phase sont plus élevés que ceux du redésign, c’est avant tout parce qu’Intergroupe a fait appel à des programmeurs externes au départ. Puis, Intergroupe a impliqué des courtiers qui font eux-mêmes de la programmation et qui ont contribué au développement de kangoo, permettant aussi d’en diminuer les couts.

« Ça a fait toute une différence. Les courtiers savent ce que les assureurs veulent, mais aussi quels sont leurs attentes et ce qu’ils veulent comme données. Nous avons pu travailler à partir d’une maquette interactive », relate Bernard Laporte.

Pas un BMS

En quoi kangoo se distingue-t-elle d’un système de gestion de courtage traditionnel, communément appelé BMS dans l’industrie ? kangoo travaille à partir d’un produit et non d’un client, expliquent les deux dirigeants d’Intergroupe. « Nous voulions que la plateforme se voie du côté du courtier et du souscripteur », ajoutent-ils.

La bannière vise ainsi à combler les trous technologiques qu’on retrouve dans l’industrie de l’assurance de dommages, comme ceux de la souscription des produits plus complexes, pour lesquels il n’y a pas de portails ou qui se font encore souvent manuellement. « Nous n’irons pas souscrire une FPQ#1 en assurance automobile ou y faire de l’assurance habitation de masse. On fera des choses côté technologique qu’ils ne veulent pas faire avant plusieurs années », indiquent les deux dirigeants, tout en faisant en sorte que kangoo se connecte aux différents portails et systèmes de gestion de courtage de l’industrie.

La plateforme est opérationnelle depuis quelque temps, mais est réservée à certains courtiers membres avec qui Intergroupe fait des tests à l’heure actuelle. Son déploiement se fera ensuite en diverses étapes, indiquent les dirigeants d’Intergroupe.