Plusieurs industries font face à une pénurie de main-d’œuvre. Le courtage en assurance de dommages n’en est pas exempt. Pourvoir un poste en le cherchant chez un concurrent ne fonctionne plus.

Le tout est d’ailleurs exacerbé par la pandémie de COVID-19. Un récent sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) a montré les impacts de la pénurie de main-d’œuvre sur les PME québécoises :

  • 67 % des PME québécoises y sont confrontées.
  • 51 % des entrepreneurs ont dû travailler plus d’heures pour pallier le manque d’effectifs.
  • 26 % affirment avoir dû refuser des ventes ou des contrats en raison de la pénurie de main-d’œuvre.
  • 17 % déclarent avoir annulé ou reporté des projets d’affaires.

Comment cela se vit-il chez les propriétaires de cabinets de courtage d’assurance de dommages du Québec ? Le Portail de l’assurance a posé la question au Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec (RCCAQ). Mathieu Brunet et Éric Manseau, respectivement président du conseil d’administration et directeur général du Regroupement, ont révélé qu’ils travaillent à inciter leurs entrepreneurs membres à revoir leurs façons de penser.

« Le défi de la main-d’œuvre est l’une de nos deux priorités, l’autre étant le virage technologique que nos cabinets membres doivent entreprendre, dit M. Manseau. Nos membres sont des entrepreneurs et leurs défis sont les mêmes que ceux des autres secteurs en matière de main-d’œuvre. On se met dans en action à cet égard. »

Des offres en abondance

Car les besoins de main-d’œuvre sont grands chez les courtiers. À titre d’exemple, dans la seule journée du 16 avril, La Turquoise a affiché 31 postes à combler sur le site d’offre d’emploi de la Coalition pour une relève en assurance de dommages, dont 19 postes de courtiers. Le cabinet offre même une formation rémunérée pour les combler.

Le 7 avril, PMA Assurances a affiché 11 postes de courtiers sur le site de la Coalition, dans des localités aussi variées que La Tuque, Grand-Mère, Saint-Marc-des-Carrières, Shawinigan, Trois-Rivières, Sherbrooke, Lac-Mégantic, Coaticook, Magog, Valcourt et Val-des-Sources (municipalité anciennement connue sous le nom d'Asbestos). Le site Web de DPA Assurances affiche quant à lui quatre postes de courtiers à combler.

Mathieu Brunet, qui est aussi vice-président et actionnaire du cabinet MP2B, doit aussi mener ce genre de réflexion. Son cabinet est actuellement à la recherche d’un analyste en cautionnement.

« Chaque cabinet a ses particularités. Il faut donc réfléchir à comment faire notre recrutement. On ne peut plus juste voler des courtiers au concurrent. Il faut former adéquatement les employés que nous avons si nous voulons les garder. On doit aussi se mettre en lien avec les institutions scolaires, qui sont de bonnes pépinières de talents. On est rendu là », dit-il.

M. Brunet donne aussi en exemple le cas d’un courtier qui a recruté deux courtiers de cette façon alors que ceux-ci viennent tout juste de terminer leur diplôme d’études collégiales (DEC). Il faut être agile et proche des sources de futurs employés pour être au-devant des assureurs directs, qui sont déjà très présents en la matière », dit-il.

Le RCCAQ travaille aussi avec la Coalition pour faire connaitre le métier de courtier. « Il faut aussi être présent sur le terrain. Les courtiers sont les meilleurs ambassadeurs pour faire connaitre leur profession », dit M. Brunet.

Les courtiers en sont-ils au point que le manque de main-d’œuvre oblige des propriétaires de cabinets de courtage à abandonner des projets ou refuser des clients ? Non, dit M. Brunet.

« Nous n’en sommes pas là. Nous ne pouvons toutefois exclure que ce soit une conséquence future de la pénurie de main-d’œuvre si nous ne réussissons pas à combler totalement ce besoin. Le service au client, on le rend. Il n’y a pas eu de ruptures à ce niveau ni de hausses des plaintes. Le service est donné et nous sommes présents. Notre lien avec nos clients est très fort », dit le président du conseil d’administration du RCCAQ.

Une bonne nouvelle

Dans cette perspective, le Regroupement dit voir d’un très bon œil les 404 millions de dollars que le gouvernement de François Legault a réservés à la requalification de la main-d’œuvre dans son dernier budget. En quoi ces investissements vont-ils changer concrètement quelque chose pour le courtage à court terme ?

Tout d’abord, dit M. Manseau, le fait que le gouvernement du Québec reconnaisse que le courtage en assurance de dommages est une catégorie d’emplois en demande est une porte qui s’ouvre pour les courtiers. Le malheur des uns vient faire le bonheur des autres, reconnait M. Manseau. Puisque de nombreuses industries ont dû mettre des travailleurs à pied avec la pandémie, il se crée un vivier de travailleurs ayant des compétences transférables et ayant un profil intéressant pour le courtage en assurance de dommages, dit-il.

« Chaque dollar investi dans de tels programmes est important pour nous et ainsi permettre à cette main-d’œuvre de venir avec nous. Les représentations que nous avons faites auprès du ministère de l’Emploi font en sorte que ça se répercute dans les Centres locaux d’emplois (CLE), où les conseillers en emploi peuvent rediriger les travailleurs à devenir des candidats pour l’industrie », explique M. Manseau.

Outre la Coalition pour une relève en assurance de dommages, le Regroupement collabore aussi avec des organismes tels que la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) ou encore Objectif Québec pour attirer des travailleurs dans le courtage. Dans ce dernier cas, cet organisme recrute des gens en Europe francophone pour qu’ils viennent travailler au Québec. « Des gens ont manifesté de l’intérêt pour le courtage et il y en a qui travaillent dans des cabinets. On demeure donc actif et on y met des efforts », dit M. Manseau.