Manuvie a lancé le 23 août 2023 un programme de médecine personnalisée qui permet aux participants de régimes d’assurance collective de connaître leur profil génétique et d’augmenter leurs chances d’avoir un traitement efficace de certaines maladies. 

Le programme de médecine personnalisée (appelé pharmacogénomique dans l’industrie) de Manuvie est offert sans frais supplémentaires aux participants de régimes d’assurance collective qui bénéficient de la garantie pour soins médicaux complémentaires.

Les frais de test génétique sont couverts pour les participants et leurs personnes à charge, pour l’un des problèmes de santé suivants : problème de santé mentale, comme la dépression ou l’anxiété ; douleur chronique ; problèmes neurologiques et trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH).

« Les tests pharmacogénomiques se sont avérés plus efficaces pour les personnes qui prennent des médicaments pour ces maladies, en raison de la structure moléculaire de ces médicaments et de la façon dont les gens les métabolisent », a précisé au Portail de l’assurance la porte-parole de Manuvie, Odette Coleman.

Mme Coleman explique qu’il existe pour ces problèmes de santé un spectre d’efficacité beaucoup plus large que d’autres maladies chroniques, comme le diabète. « Il y a souvent beaucoup plus d’essais et d’erreurs qui se produisent lorsque vous trouvez le bon médicament pour ces maladies, et donc un besoin beaucoup plus grand d’un test comme celui-ci », ajoute-t-elle. 

Manuvie souligne que le test génétique est effectué au moyen d’un échantillon de salive, en moins d’une minute. L’assureur ajoute que les résultats permettent d’établir des plans de traitement personnalisés et précis. Une qualité qui réduit selon lui les effets secondaires d’un médicament, en plus d’en augmenter les chances de réussite auprès du patient. 

Taux d’efficacité élevé 

Desai Ashesh

L’assureur n’est pas le premier à couvrir les frais des tests génétiques. Par exemple, Beneva avait étendu sa couverture collective aux tests pharmacogénétiques en octobre 2019. Les résultats du projet pilote qu’a lancé Manuvie auprès de certains participants de régimes en 2021 sont révélateurs de l’efficacité de tels programmes. L’assureur de Toronto songeait depuis mai 2019 à un programme utilisant les gènes pour déterminer la réaction de l’organisme d’une personne aux médicaments, en particulier ceux utilisés contre la dépression, la douleur ou l’anxiété. 

L’assureur lance officiellement son programme de médecine personnalisée, fort d’un projet pilote qui dure depuis 2021. Ce projet pilote a révélé que 80 % ont subi un test pharmacogénomique dans le cadre du programme ont modifié leurs médicaments après consultation de leur professionnel de la santé.

De plus, 86 % disent avoir constaté une amélioration de leur santé mentale. « En tant que pharmacien formé, je suis très enthousiaste par rapport à notre programme de médecine personnalisée, qui peut contribuer à améliorer la qualité de vie de millions de Canadiens », soutient Ashesh Desai, chef, assurance collective, de Manuvie Canada.

Faire contribuer l’ADN 

Dr Steve Pomedli

Manuvie estime que la génétique joue un rôle important dans la façon dont les gens réagissent aux médicaments. Ses tests permettent selon la compagnie d’assurance de prédire l’efficacité de certains médicaments, en fonction du profil génétique d’une personne. Au-delà des prédictions, examiner l’ADN d’une personne permet de prévoir la réaction ou l’absence de réaction d’un patient à certains médicaments, ajoute Manuvie. Comprendre à l’avance l’efficacité potentielle d’un médicament peut aider à éliminer un processus d’essais et d’erreurs, croit l’assureur.

« Grâce aux tests pharmacogénomiques, nous pouvons obtenir des données utiles sur la façon dont les gens réagissent à certains médicaments. Ces tests permettent de déterminer les médicaments qui devraient être évités ou prescrits à un dosage différent », explique le Dr Steve Pomedli, de Cleveland Clinic Canada, directeur médical des activités d’assurance collective de Manuvie.

Le Dr Pomedli précise que les tests pharmacogénomiques ne fournissent pas d’information sur la réaction à tous les médicaments actuellement prescrits ni aux suppléments alimentaires et à base de plantes. « Quand les participants reçoivent leurs résultats, ils doivent discuter des meilleures options possibles avec leur professionnel de la santé », conseille-t-il. 

Les employés en veulent 

Les tests génétiques suscitent de plus en plus d’intérêt dans la population, comme en témoigne les résultats d’une enquête mondiale de Mercer Marsh Avantages Sociaux, publiée en 2023 sur la base d’un sondage réalisé d’octobre à novembre 2022. L’enquête révèle que dans l’ensemble, 44 % des employés trouveraient utiles les tests génétiques destinés à révéler les risques de santé.

L’intérêt est encore plus vif chez les plus jeunes, alors que 51 % des employés de la génération Z recherchent la possibilité d’accéder à des tests génétiques au sein de leur régime d’assurance collective. Pourtant, seuls 18 % des employés disent y avoir accès par l’intermédiaire de leur employeur.

Jusqu’en Cour suprême 

Le sujet des tests génétiques en assurance a suscité nombre de débats dans l’arène politique, alors que le texte du projet de loi S-201 (Loi visant à interdire et à prévenir la discrimination génétique) a été contesté jusqu’en Cour suprême. Le plus haut tribunal du pays a confirmé la validité dans la loi dans un jugement rendu le 22 juillet 2020

Selon le texte de loi, il est interdit à quiconque d’obliger une personne à subir un test génétique ou à en communiquer les résultats comme condition préalable à la fourniture de biens et services, à la conclusion ou au maintien d’un contrat ou d’une entente avec elle ou à l’offre de modalités particulières dans un contrat ou dans une entente. Il prévoit des exceptions pour les professionnels de la santé et les chercheurs. 

Un assureur qui exige un test génétique ou en demande les résultats comme condition à l’obtention d’un contrat d’assurance commet une infraction passible d’une amende maximale de 1 M$ ou d’une peine d’emprisonnement d’une durée maximale de cinq ans.