Le 24 juin 2021, Martin Dupras est devenu le premier Québécois élu à la présidence du conseil d’administration de FP Canada (anciennement Financial Planning Standards Council ou FPSC).
Il prend ainsi le relais de Brett Millard, planificateur financier de Colombie-Britannique qui a effectué un mandat de deux ans. Le président de FP Canada peut rester en poste au maximum pendant deux mandats d’un an.
M. Dupras présente une longue feuille de route en planification financière. Membre du conseil d’administration de FP Canada depuis quatre ans, il exerce sa profession de façon indépendante, notamment en qualité de président de ConFor financiers, une entreprise établie à Montréal qu’il a fondée en 2010.
Actuaire de formation et titulaire d’une maîtrise en fiscalité de l’Université de Sherbrooke, il a été président du conseil d’administration de l’Institut québécois de planification financière (IQPF) de 2009 à 2012. Il y est encore actif, notamment par des mandats de formation. Il participe fréquemment à des initiatives de l’industrie.
Travaux d’encadrement réglementaire
En entrevue avec le Portail de l’assurance, le président de FP Canada dit qu’il profitera de son mandat pour contribuer à harmoniser davantage le parcours vers le titre de planificateur financier. Il dit vouloir contribuer à élargir l’accès des Canadiens à des conseils.
Hors Québec, le nouveau président de FP Canada entend contribuer aux travaux réglementaires en cours qui visent à clarifier et mieux encadrer les titres de planificateur financier et les professionnels qui les détiennent. Parmi les titres décernés dans les autres provinces figurent ceux de Certified Financial Planner (CFP) et de Qualified Associate Financial Planner (QAFP) de FP Canada, et le Personal Financial Planner (PFP) du Canadian Securities Institute.
Parmi d’autres régulateurs, l’Autorité ontarienne de réglementation des services financiers (ARSF) a lancé le 22 juillet 2021 une consultation sur les frais qu’elle propose pour protéger les titres professionnels en finance (planificateur financier et conseiller financier). Ces frais serviront par exemple à couvrir les coûts liés à la surveillance et au contrôle des organismes d’accréditation, ainsi qu’au traitement des plaintes.
Le Québec et le ROC : deux réalités…
Au Québec, le titre et la discipline de planificateur financier sont étroitement encadrés. Le titre est décerné par l’IQPF et l’Autorité des marchés financiers autorise l’exercice de cette discipline par certificat. Les planificateurs financiers sont encadrés par la Chambre de la sécurité financière. « Au Québec, l’IQPF est la seule organisation à décerner le titre de Pl. Fin., et à vérifier que les gens qui le détiennent y sont encore habiletés, entre autres par la formation continue vers les autres titres dérivés en finance », rappelle M. Dupras. Au Québec, le titre de planificateur financier est réservé. « Je ne peux pas par exemple m’appeler conseiller en planification de la retraite au Québec. Dans le ROC (rest of Canada), c’est un peu différent. »
L’encadrement du titre y est ainsi un enjeu plus grand, ajoute M. Dupras. « Le titre de CFP est protégé par des droits (copyright). Actuellement, il y a beaucoup de démarches dans les autres provinces pour faire reconnaître la profession et établir quels sont les critères pour porter l’un des titres. » C’est entre autres le sujet de la consultation lancée par le régulateur ontarien. M. Dupras croit que les résultats de cette consultation pourraient agir comme courroie d’entraînement en raison du poids démographique de l’Ontario. Or, il observe que les autres provinces se positionnent déjà sur l’encadrement de ce titre professionnel.
… qui commencent à converger
Martin Dupras dit néanmoins constater de plus en plus de convergence entre les deux réalités. « Il y a eu beaucoup de rapprochements entre l’IQPF et FP Canada dans les dernières années », signale-t-il. En 2018, l’IQPF et le FPSC ont conclu un partenariat stratégique visant à uniformiser les bases de la profession de planificateur financier à l’échelle du pays.
Le président du conseil de FP Canada donne aussi l’exemple des normes d’hypothèses de projection développées par l’IQPF en 2009. « Elles ont été adoptées par le FPSC (devenu FP Canada le 1er avril 2019) en 2015. »
L’utilisation de ces normes d’hypothèses financières publiées annuellement est volontaire. « Nous constatons qu’elles sont de plus en plus adoptées par de grandes organisations qui recherchent des sources crédibles. » M. Dupras signale que ces normes sont évolutives. « Des praticiens nous amènent à des remises en question. Nous les ajustons en cours de route afin d’assurer qu’ils aient un outil en lien avec leur réalité actuelle. »
Harmoniser la formation aux examens
Il est également possible d’avoir une meilleure harmonisation des normes et des pratiques au niveau des examens d’accès aux titres, soutient Martin Dupras. « Nous voulons avoir des chemins plus simples pour ceux qui veulent avoir les deux titres ». Il s’agit par exemple de faciliter la vie à un planificateur financier de Gatineau d’obtenir le titre de CFP pour desservir sa clientèle d’Ottawa, et vice-versa.
« Il y a des éléments qui resteront différents dans la pratique au Québec et hors Québec, en raison des différences entre Code civil du Québec (C.c.Q) et Common law. Mais d’autres éléments sont communs. » Martin Dupras désigne entre autres le secteur du placement. « Que l’on soit à Vancouver, Toronto ou Montréal, les principes sont les mêmes. » Le concept de l’assurance demeure lui aussi essentiellement le même, malgré des nuances à la fiscalité, ajoute-t-il. « Il n’y aura jamais d’examen unifié, mais nous pouvons au moins avoir des sections harmonisées. Nous travaillons actuellement à savoir quelles sections des examens pourront l’être. »
La COVID-19 accroît le besoin de conseils
Au cours de son mandat, Martin Dupras priorisera également les actions qui contribueront à ce que tous les Canadiens puissent accéder de manière cohérente aux conseils financiers. « On sort d’une pandémie et on réalise dans quelle mesure le Canadien moyen a besoin d’aide et d’encadrement financiers. » Dans ce contexte, FP Canada entend travailler à toute démarche qui peut contribuer à clarifier ce que sont les titres, « et ultimement assurer que les gens qui les portent sont habilités à prodiguer un conseil financier pertinent, cohérent et juste », dit-il. L’organisme le fera notamment par la formation continue.
Nouveaux visages au CA de FP Canada
Outre l’arrivée d’un nouveau président, le conseil d’administration a aussi élu Ronald P. Harvey, CFP, à titre de vice-président. Au conseil depuis 2017, M. Harvey est conseiller financier senior de Investment Planning Counsel (IPC) à Ottawa.
Le conseil d’administration a également accueilli de nouveaux membres. Parmi eux, Christopher Dewdney, CFP, et Susan Howe, également CFP. Winston Maharaj fait son entrée au conseil de FP Canada à titre de représentant du public.