La clientèle des Snowbirds ne cesse d’augmenter. En 2011, elle devrait franchir le cap du million de personnes. Les Snowbirds continuent ainsi de stimuler les ventes d’assurance voyage. C'est ce qu'a rapporté Michel Courte­manche, directeur ventes et développement, Québec, Ontario et région de l'Atlantique chez Croix Bleue, en entrevue au Journal de l'assu­rance. « Le nombre de Snowbirds a diminué de 2 % environ de 2008 à 2009 en raison de la crise financière. Puis, elle a augmenté de 14 % de 2009 à 2010 », indique-t-il.

La population des Snowbirds s'est agrandie. « Leur nombre a augmenté de 8,5 % de 2000 à 2010. Quant aux voyages des Snowbirds, ils ont crû de 126 % sur la même période, constate M. Courtemanche qui tient ces chiffres du Conference Board of Canada. À titre de com­paraison, les voyages en général ont connu une croissance de 61 % de 2000 à 2010. »

RSA acquiert le distributeur d’assurance voyage etfs

RSA a mis la main sur le distributeur d'assurance voyage et d'assurance maladie etfs, l'un des plus importants au Canada, à la mi-juin. Les deux compagnies, partenaires depuis environ dix ans, rassemblent actuellement près de 100 millions de dollars (M$) de primes en assurance voyage et servent plus d'un million de clients.

Si Assurance voyage RSA a décidé d'acquérir etfs, c'est pour renforcer son expertise en assu­rance voyage, un segment stratégique. « Nous avons considéré plusieurs possibilités d'acquisition et avons constaté qu'etfs détenait une solide expertise », a expliqué Mike Wallace, vice-président à la gestion des risques, la production et la réassurance de RSA, en entrevue avec FlashFi­nance.ca, une publication soeur du Journal de l'assurance. etfs offre de nombreux produits d'assurance voyage et d'assurance maladie sur une base individuelle et collective de manière directe et par l'entremise de courtiers, d'associations, d'agents de voyage, de groupes par affinité et d'entreprises clientes.

Forte de cette nouvelle expertise, RSA compte croitre sur le marché canadien. « Nous nous in­téressons à toutes les provinces. Nous avons la ferme intention de nous développer au Québec », a-t-il indiqué. La stratégie de croissance de RSA passe notamment par la création de nouveaux produits. « Nous pensons qu'il y a un besoin en la matière », relève M. Wallace.
C'est etfs qui a approché RSA il y a un an déjà. L'entreprise cherchait un acquéreur solide capable de développer son marché au Canada. « La vente d'etfs va nous permettre de nous focaliser sur les services offerts par Gestion Global Excel (GEM). Cette entreprise de traitement des sinistres et d'assistance aux entreprises est une filiale d'etfs », a indiqué Nathalie Lafond, vice-présidente aux opérations de Gestion Global Excel en entrevue.

L'acquisition d'etfs ne concerne pas GEM. RSA continuera toutefois d'être partenaire à long terme avec GEM. Cette dernière compagnie demeurera le fournisseur de traitement des sinistres et d'assistance pour les activités d'Assurance voyage RSA. La conclusion de la transaction devrait avoir lieu début juillet. Son montant n'a pas été dévoilé.
Au terme de l'acquisition, le mode de fonctionnement d'etfs devrait rester inchangé. « etfs restera à Sherbrooke. Il n'y aura pas de changement. Ni pour les employés ni au niveau de la distribution », a affirmé M. Wallace. RSA reste ouverte à d'autres acquisitions.

Si les Snowbirds se multiplient, c'est parce que plusieurs facteurs leur permettent de partir en voyage. La hausse du dollar canadien est favorable aux départs des voyageurs. Lorsque ce dernier s'apprécie, le nombre de Snowbirds augmente, constate M. Courtemanche. Sans compter que les personnes de 55 ans et plus sont de plus en plus nombreuses. Les babyboumeurs qui prennent leur retraite viennent grossir les rangs des Snowbirds, observe Mimi Martin, présidente de Risques Spéciaux MRM. De plus, ces clients ont des moyens.

Les Snowbirds s'envolent vers les mêmes destinations. Ils affectionnent toujours particu­lièrement la Floride, mais ont aussi un faible pour le Mexique, l'Arizona et le Texas. Certains sont attirés par l'Espagne, le Portugal ou encore Cuba et le Costa Rica. Au dire des spécialistes, les Snowbirds retournent souvent sur le même lieu de vacances. Toutefois, ils partent moins longtemps qu'avant. Ainsi les séjours de 31 à 60 jours augmentent, précise M. Courtemanche.

Les Snowbirds : un marché pour les centres de soins de santé

La clientèle des Snowbirds ne profitent pas seulement aux assureurs et aux courtiers. Elle intéresse aussi les centres de soins de santé comme Baptist Health South Florida. Cette organisation à but non lucratif qui offre des services médicaux vise plus particulièrement les Snowbirds québécois.

« Nous traitons de nombreux Snowbirds venus du Québec notamment pour des blessures. Les personnes malades peuvent prendre un rendez-vous à n'importe quel moment. Ils peuvent venir à l'hôpital qui est proche de leur lieu de vacances et bénéficier de nombreux services. C'est pra­tique », affirme Martin Arias, le directeur régional développement de l'assurance internationale au sein de l'organisation.

Lorsqu'on lui demande pourquoi son organisation s'intéresse tant aux Snowbirds québécois, il explique qu'ils constituent un marché rentable. L'organisation souhaite traiter un plus grand nombre de Snowbirds canadiens, toutes provinces confondues. « Nous voulons que le nombre de patients traités augmente de 15 % d'ici la fin de 2011 », indique M. Arias.

Pour attirer cette clientèle, l'organisation mise sur le marketing. « Le tourisme médical attire. Il y a plus de Canadiens venant pour des chirurgies. Nous avons plusieurs spécialités et sommes équipés pour administrer tout type de traitement », poursuit-il.
Créé il y a plusieurs dizaines d'années, Baptist Health South Florida accueille chaque année plus de 8 000 patients venus d'une centaine de pays.

Lorsque vient le temps de choisir une couver­ture, les Snowbirds s'intéressent à une couver­ture médicale, à l'assurance annulation, mais aussi à des gadgets. « S'ils tombent malades ou s'ils sont rapatriés, certains souhaitent couvrir le rapatriement de leur chien ou de leur chat. D'autres veulent un service de conciergerie médicale qui leur permet de recevoir l'appel d'un docteur en 20 minutes. Ce dernier peut leur rendre visite dans l'heure », explique Pierre Saddik, vice-président, assurance voyage chez Optimum réassurance. Ces services sont disponibles dans la couverture de base ou en avenants. La conciergerie médicale est aussi un élément de contrôle de couts, ajoute-t-il.

Si la couverture est importante, la prime reste l'élément déterminant pour l'achat. Tous les Snowbirds recherchent la prime minimale pour un service maximum, dit M. Courtemanche.

Un point de vue que partage Joanne Parent, directrice régionale, Québec & Atlantique, de TIC. Elle précise toutefois que la qualité de la couverture demeure importante malgré le prix. « Tous les joueurs haussent leurs primes du même ordre. On ne peut pas trop augmenter car il y a beaucoup de compétition. Le produit ne doit pas être trop cher. Les primes pourraient continuer d'augmenter, car l'économie ne va pas mieux. Les événements environnementaux comme les tornades ne favorisent pas la situa­tion économique », dit-elle.

Voyages au Canada : il faut aussi s’assurer

Voyager hors Québec nécessite une assurance voyage. Toutefois, tous les Qué­bécois n'en ont pas conscience.
Les experts de l'assurance voyage inter­rogés constatent que de trop nombreux voyageurs quittent la province pour une autre sans s'être munis d'une assurance voyage.
S'il existe des ententes interprovinciales, en pareilles situations, la Régie de l'assu­rance maladie du Québec (RAMQ) ne couvre pas tous les accidents et autres imprévus.

Certaines compagnies, comme Securi­globe, se donnent pour mission de sensi­biliser la population à ce risque.

« Les séjours hors province sont courts, mais il y a quand même beaucoup d'acci­dents », dit Patrick Lavoie de Securiglobe.
Quant à Suzanne Langlois d'Ogilvy & Ogilvy, elle incite les Québécois déten­teurs de cartes de crédit à la vigilance.
Certains croient que les cartes de crédit couvrent partout, ce qui n'est pas le cas.

De son côté, Mimi Martin de Risques Spéciaux MRN note que certains clients s'assurent lorsqu'ils quittent la province.
Il est difficile de mesurer ce phénomène car nous ne savons pas où les clients partent en vacances, a-t-elle ajouté.

Sarah Haddon, spécialiste des communica­tions chez etfs, note que ce ne sont pas néces­sairement les nouveaux produits qui intéressent les Snowbirds, mais plutôt la valeur offerte par leur couverture, ainsi que les plans et options disponibles. « C'est un groupe qui est aussi intéressé à bien connaitre la couverture de leur assurance pour être certain d'avoir la meilleure protection pour la prime payée », dit-elle.

Les experts interrogés notent que les primes sont à la hausse. « Tous les programmes augmentent cette année », indique Mimi Martin. Selon Patrick Lavoie, vice-président marketing de Securiglobe, cette hausse se situe entre 5 % et 8 %. Cela s'explique par le nombre important de réclamations.

Beaucoup de réclamations

Les Snowbirds sont susceptibles d'en envoyer beaucoup. « Leur taux de réclamations est plus élevé dans la mesure où ce sont des personnes d'un certain âge et qu'elles partent longtemps en voyage. Plus le séjour est long, plus les per­sonnes sont âgées, plus le risque de réclamation est élevé », fait remarquer M. Courtemanche. M. Saddik précise que la probabilité de réclamer est de 5 à 10 % pour un Snowbird, alors qu'elle est de moins de 1 % pour un jeune.

Suzanne Langlois souligne toutefois que les clients réclament pour des raisons valables. Selon la directrice département voyages & santé d'Ogilvy & Ogilvy, beaucoup s'achètent une franchise, ce qui fait diminuer la prime et les réclamations insignifiantes.

La hausse des primes est aussi attribuable à l'inflation des couts de soins médicaux aux États-Unis et des médicaments. La majorité des spécialistes interrogés s'accordent à dire que les patients internationaux voient leur facture grimper, lorsqu'ils sont soignés dans des hôpitaux américains. « Les hôpitaux, qui cherchent à dégager plus d'argent, voient les Canadiens comme des cibles intéressantes. Ils leur facturent des montants trois fois supérieurs à ce qu'ils devraient être », constate Robin Ingle, PDG de Robin Ingle International.

Selon M. Lavoie, cette inflation médicale est de l'ordre de 8 %. Si les primes augmentent, leur hausse reste limitée en raison de la concurrence, précise Joanne Parent.

Pour ce qui est des accidents ou maladies en Europe, c'est le rapatriement des patients qui coute cher. La facture peut alors atteindre près de 150 000 $, ajoute Suzanne Langlois.

La crise immobilière américaine pourrait entrainer des conséquences insoupçonnées sur le marché de l'assurance voyage, pense Mimi Martin. Alors que les prix des résidences ont chuté aux États-Unis, certains Canadiens pour­raient décider d'acheter une maison de vacances de l'autre côté de la frontière, croit-elle. Elle avance que, dans les années à venir, ces proprié­taires pourraient représenter une nouvelle clien­tèle pour les distributeurs d'assurance voyage.