L’assurance crédit sera plus importante après la crise de la COVID-19. C’est ce qu’a affirmé la courtière en assurance de dommages Sophie Côté, présidente du cabinet Sophie Côté Assurance Crédit Inc, en entrevue avec le Portail de l’assurance.

« Je suis très populaire depuis deux semaines », dit-elle, en précisant que les entreprises veulent actuellement souscrire à un produit d’assurance crédit pour assurer leur pérennité à court, moyen et long terme. « Les gens veulent assurer leurs comptes à recevoir. »

Qu’est-ce que c’est ?

L’assurance crédit est un produit qui s’adresse aux entreprises qui font des ventes « à crédit ». Cela leur permet d’accorder une garantie à leurs clients. « L’assurance crédit vient garantir que l’acheteur est solvable pour le montant de la vente réalisée », affirme Mme Côté.

Le tout concerne uniquement les transactions entre deux entreprises et les deux doivent avoir un bon dossier de crédit. Si ce n’est pas le cas, l’assureur pourrait décider de ne pas assurer le risque. Ainsi, si une entreprise ayant souscrit à ce produit d’assurance vend un bien quelconque à une autre, par exemple du sucre, le vendeur va s’assurer de recevoir 90 % du paiement promis par l’acheteur au cas où ce dernier ne puisse plus payer pour insolvabilité et faillite.

« Présentement, on est en situation de crise. Alors on ne produit pas et on a des comptes à recevoir. L’entrepreneur a donc un souci de moins en ce qui a trait à ses liquidités s'il souscrit à une assurance crédit », explique Mme Côté.

Montée en importance

La crise de souscription en assurance des entreprises n’avait pas touché le secteur de l’assurance crédit jusqu’à présent. Toutefois, Sophie Côté soutient que le tout risque de changer après le passage du coronavirus. « Je commençais à le sentir, mais ça ne me dérangeait pas. Par contre, après la crise, je vais être au même niveau que les autres. Je suis prête à relever le défi », dit-elle.

Selon Mme Côté, présentement, les assureurs prennent encore de nouveaux dossiers, mais le marché commence à se resserrer. Elle croit que la gestion des comptes à recevoir changera de manière importante, faisant en sorte que le produit pourrait prendre de l’importance.

« Je crois qu’il va y avoir beaucoup d’incertitude quant à la capacité de payer des différentes entreprises. On a eu des clients qui étaient solides et qui le seront peut-être moins. On ne sait plus qui va s’en sortir et qui ne s’en sortira pas. L’assurance crédit deviendra donc un incontournable. Je crois qu’il va y avoir encore de l’ouverture de marché, mais les conditions vont être différentes. Cela va couter plus cher et les protections seront moins importantes » explique Sophie Côté.

D’ailleurs, le Portail de l’assurance a aussi obtenu un avis interne de BFL CANADA qui recommande fortement la souscription d’une assurance crédit. « Cette protection couvrira principalement vos comptes à recevoir et bien plus », peut-on y lire.

Des mesures prises par les assureurs

Depuis le début de la pandémie, deux assureurs ont confirmé avoir pris des mesures pour soutenir leur clientèle : Atradius et Exportation et développement Canada (EDC).

D’une part, Atradius aurait envoyé un courriel à ses clients en affirmant qu’elle allait assouplir les modalités de recouvrement. D’autre part, EDC a affirmé mardi qu’elle « couvrira les pertes sur les biens expédiés même si l’acheteur ne les a pas acceptés » et qu’elle « annulera la période d’attente de 60 jours pour les demandes d’indemnisation », peut-on lire dans un communiqué diffusé par la société d’État.

Ainsi, en ce qui a trait à l’annonce d’EDC, si un bon de commande est produit, que la marchandise du vendeur est prête à partir, mais que l’acheteur ne peut plus la payer, la compagnie d’assurance indemnisera l’entreprise qui vend. Toutefois, on ne sait pas si le vendeur va être indemnisé au cout ou avec le profit qui aurait été réalisé.

D’autres annonces à venir ?

Selon Sophie Côté, d’autres assureurs devront emboiter le pas et offrir plus de flexibilité au niveau des ententes de paiement et qu’elles vont assouplir les délais de réclamation.

« Elles n’auront pas le choix de le faire », soutient-elle, en ajoutant que les compagnies d’assurance vont également favoriser les ententes de paiement entre les acheteurs et les vendeurs afin de réduire le nombre de réclamations.

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